L’agriculture urbaine est en plein essor. Bien que sa naissance date de la fin du 19e siècle, elle revient depuis les années 2000 et prend une véritable ampleur depuis 2010. Il s'agit de l’ensemble des activités de production agricole ou d’élevage qui se tiennent au cœur ou à proximité de la ville. Ainsi, des projets de ce type émergent un peu partout et ont pour but principal de faire entrer l’agriculture en ville. Ceux qui la pratiquent en listent les bienfaits mais ses quelques détracteurs en dénoncent les dangers.
L’engouement autour de l’agriculture urbaine est grandissant. En particulier, après la crise sanitaire et les confinements, de nombreuses personnes ont ressenti le besoin de se reconnecter à la nature. "On avait du mal à mobiliser les gens avant le covid", explique Jordan Bonaty, directeur et fondateur de l’association Terres Urbaines, qui a remarqué un "regain" post-covid et se dit aujourd’hui "submergé". Par ailleurs, l’observatoire de l’agriculture urbaine, lancé par l’Association Française d’Agriculture Urbaine Professionnelle (AFAUP), a dénombré 120 producteurs professionnels et un grand nombre de projets citoyens, selon Romain Guitet, coordinateur de projets à l’AFAUP.
"C’est un ensemble éclectique de projets", indique Romain Guitet. L’agriculture urbaine se découle sous plusieurs formes et peut être pratiquée au sol ou sur les toits dans des jardins partagés, des jardins ouvriers, des petits élevages ou encore des fermes urbaines. C'est ce que propose l'association La Sauge : "Nos fermes urbaines sont participatives dans toutes leurs fonctions, ainsi que productives et pédagogiques", détaille Antoine Devins, co-fondateur et chargé de développement à Nantes. Ces espaces sont souvent aménagés pour accueillir des bars, des scènes, des espaces de découverte et de production.
L’agriculture urbaine est présente partout à travers le monde. Pour de nombreux pays, notamment du Sud, elle est essentielle. "Ça nourrit 800 millions de personnes dans le monde", affirme Romain Guitet. Mais dans les pays occidentaux, l’agriculture urbaine n’a pas vocation à nourrir la population, il s’agit d’abord de faire découvrir l’agriculture aux résidents des villes et de créer du lien. "En Occident, la France est dans le peloton de tête en la matière", explique le coordinateur de projets de l’AFAUP.
"En ville, on ne connaît plus le monde paysan qui nous nourrit", estime Antoine Devins. C’est pourquoi La Sauge souhaite depuis sa création ramener l’agriculture en ville, "non pas pour la nourrir mais pour arrêter cette dichotomie entre mondes rural et urbain", d’après le co-fondateur de l’association. Pour Jordan Bonaty, l’agriculture urbaine, solidaire et citoyenne permet de "reprendre possession de son environnement, comprendre les interactions avec la nature et la biodiversité et de créer du lien dans un quartier". L’association Terres Urbaines intervient principalement dans les quartiers d’Ile-de-France. "Les habitants sont partie prenante du projet jusqu’à se l’approprier", indique le fondateur.
Bien que l’activité se développe de plus en plus, l’obtention de terrains est un réel défi, d’autant plus au regard du peu d’espace disponible en ville et des prix du foncier. "Il y a souvent de la concurrence avec d’autres projets urbains", déplore Jordan Bonaty. Par ailleurs, ces projets sont souvent artificialisant pour les sols. "Il est parfois bien difficile d'arbitrer", précise-t-il avant d’ajouter que "l’immobilier gagne souvent".
Enfin, un certain nombre de critiques se font entendre quant à l’agriculture urbaine. Notamment, les aquacultures hors sol comme l'hydroponie ou l'aquaponie sont mal reçus par les détracteurs. Cependant, ces pratiques sont rares puisque "la majorité des projets sont en pleine terre", rappelle Romain Guitet. Il considère que les projets hors sol en toiture sont "trop mis en avant", pour leur côté innovant, alors qu’ils représentent un faible pourcentage de l'agriculture urbaine. De plus, il arrive souvent que la qualité des produits récoltés soit critiquée. Mais "on fait très attention aux différentes sources de contamination", affirme Antoine Devins.
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