Depuis 10 jours je vois passer sur les réseaux sociaux des photos de mes amis, de leurs enfants, qui se baladent en forêt pendant leurs vacances automnales, disent leur plaisir de ramasser des champignons, de fouler les feuilles mortes, de ramasser des marrons et d’en remplir leurs poches, de contempler les couleurs orangées d’un automne désormais bien présent. Et ils ont l’air sacrément heureux, à sauter dans les flaques, à rire sous le ciel, à courir entre les arbres, ils ont l’air sacrément VIVANT !
Dès le début du 20ème siècle des courants pédagogiques ont prôné l’éducation dans la nature et l’ont expérimenté. Aujourd’hui dans plusieurs endroits du monde on voit ouvrir des écoles en forêt dont l’idée principale est de partager le temps d’apprentissage entre des cours classiques et des enseignements réalisés dehors avec l’idée qu’il n’y a rien qui ne puisse s’enseigner en plein air.
Dans la forêt, l’adulte n’est pas dans un face à face avec les enfants, comme dans une classe, mais il est à côté des enfants, du même côté qu’eux, embarqué dans le même environnement. Son expérience, son savoir-faire, devient une ressource pour apprendre aux enfants à apprivoiser cet environnement et à vivre avec lui. Je lisais un article canadien où les 2 enseignantes emmènent chaque mercredi les enfants apprendre dehors, elles parlent de la régulation des enfants qui peuvent avoir des problèmes comportementaux en classe parce que dehors la vie n’est pas la même. Elles parlent de la coopération et de l’entraide nécessaire dans un milieu qu’ils ne connaissent pas bien, c’est fédérateur pour un groupe tout entier et la classe c’est un 1er lieu d’apprentissage du collectif.
Invoquer la question règlementaire c’est l’arbre qui cache la forêt ! Et qui nous empêche de nous questionner sur d’autres manières de faire et d’envisager nos enseignements. L’un des succès du scoutisme c’est d’apprendre au contact du réel parce que la vie en pleine nature est pleine d’émerveillement en développant profondément notre rapport à l’inconnu et à la nouveauté. Partir en camp c’est apprendre à affronter cet inconnu, mieux que ça, c’est finir par le rechercher et l’apprécier. Un scout n’attend pas d’être formé pour se lancer dans l’aventure. Il y va, il cherche ensuite des ressources pour répondre aux défis qui se posent à lui. Posture aux antipodes des apprentissages classiques où j’attends de maîtriser avant de me lancer.
N’ayons donc pas la prétention d’imaginer leur enseigner tout ce dont ils auront besoin dans le monde d’après mais apprenons leur plutôt à chercher et inventer les ressources dont ils auront besoin. C’est bien ça qui fait la valeur d’une forêt et qui fait qu’un arbre vivant vaut plus qu’un arbre coupé. Une forêt on peut s’y perdre et apprendre à se retrouver et cela sans mode d’emploi. C’est effectivement flippant quand on est parent de laisser ses enfants se perdre pour apprendre à se repérer mais nos enfants sont des petits poucets à qui on doit offrir des forêts sans avoir besoin de les y abandonner.
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