À partir du lundi 22 janvier et pour un mois, la pêche est interdite pour les bateaux de plus de 8 mètres de long dans le Golfe de Gascogne. Prise pour protéger les dauphins des accidents de pêche, cette décision impacte directement certains pêcheurs vendéens, comme Adrien Delavaud, marin au large des Sables-d’Olonnes.
“C’est un énième coup de massue sur le métier de pêcheur…” Adrien Delavaud est installé comme marin depuis un an aux Sables-d’Olonnes. Sur le Camelys, long de 22 mètres, le pêcheur est à la tête d’un équipage de 7 personnes. A partir d’aujourd’hui et pour un mois, il n’a plus le droit de sortir du port.
Prise par le Conseil d’Etat en décembre dernier, cette interdiction vise à protéger les dauphins des accidents de pêche. Une décision difficile à comprendre pour certains pêcheurs : “Depuis le mois de novembre, on voit beaucoup moins de dauphins que les autres années.”, explique le marin. L’hiver correspond à une période de pics de mortalité pour les dauphins. Selon le Centre International pour l’exploration de la mer, environ 9 000 dauphins meurent chaque année dans les filets de pêche le long de la côte Atlantique.
“On ne dit pas qu’on n’en pêche pas… Mais pas autant que le disent certaines ONG” soutient Adrien Delavaud.
Pour ces professionnels, cette interdiction se traduit par un arrêt de l’activité : “On largue les amarres à quai et on n'a pas le droit de bouger. On n’a pas le droit non plus de faire des travaux dans les bateaux… On est confinés chez nous.”
Du point de vue économique, un mois sans pêche représente une perte importante : “Cette période correspond à 30 à 40% de mon chiffre d'affaires… C’est comme si vous disiez à un restaurateur qu’il ne va pas ouvrir d’avril à octobre… C’est critique pour le métier, c’est critique pour le littoral car derrière il n’y a pas que le métier de marin pêcheur, il y a le mareyage, le poissonnier… C’est tout une filière qui est en train de se casser la gueule.”, poursuit Adrien Delavaud.
Jeudi 18 janvier, le ministre de la Transition écologique a annoncé une indemnisation à hauteur de 80 à 85% du chiffre d’affaires des pêcheurs concernés par l’interdiction. Selon Christophe Béchu, ces aides devraient être versées “le plus rapidement possible”.
Une situation qui laisse Adrien Delavaud dans le flou : “Aujourd’hui je ne sais pas quoi dire à mon équipe. Je leur dis “à dans un mois, mais je ne sais pas si je vous paie… Sauf que ce sont des gens qui ont des emprunts de maison à payer.”
Cette interdiction s'ajoute à d’autres phénomènes impactant le métier : “Cette année il y a eu l’augmentation du prix du gazole, les quotas de pêche, l’interdiction de certaines pratiques…” soupire Adrien Delavaud. “Depuis que j’ai commencé dans le métier en 1993, c’est de plus en plus difficile de travailler”.
Depuis l’annonce de cette interdiction, des politiques vendéens réagissent. Début janvier, Bruno Retailleau ou encore Alain Leboeuf ont appelé le gouvernement à prendre des mesures pour sauver la pêche artisanale.
Des messages qui ne redonnent pas confiance à Adrien Delavaud pour l’avenir : “J’ai toujours voulu être optimiste, mais aujourd’hui, je ne crois pas pouvoir dire qu’il y a un avenir pour le métier… C’est dommage, c’est un beau métier, quand on le fait, on le fait par amour, pas par l’envie du gain. Mais je crois qu’aujourd’hui, ils ont enfoncé le clou bien trop profond pour être remonté.”
En Vendée, cette interdiction concerne les ports des Sables-d’Olonnes, de l’Iles d’Yeux ou encore de Noirmoutier. A l’échelle du pays, 450 navires resteront à quai jusqu’au 20 février inclus.
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