Que l'on soit au cinéma ou dans l'Eglise catholique, les apparitions sont toujours un mystère et restent fascinantes pour un metteur en scène... Pourtant ce film s'ouvre dans les paysages chaotiques d'un pays arabe et en guerre. Magnifique introduction pour parler de la foi religieuse aujourd'hui quand tant de crimes sont commis en son nom ! Jacques est un journaliste habitué aux conflits armés, un peu désarçonné quand un évêque le convoque à Rome pour lui demander de participer à une enquête canonique sur des apparitions mariales.
La visite au Vatican permet d'expliquer au néophyte pourquoi l'Eglise veut une enquête. C'est une jolie visite des archives du Saint-Siège mais aussi un regard savoureux sur l'Eglise catholique pour ceux qui la connaissent de l'intérieur. Le réalisateur Xavier Giannoli s'est minutieusement documenté et les personnages montrent bien les différents visages de cette institution multi-séculaire et obligée de gérer le présent.
Sur les lieux de l'apparition, c'est carnaval ! On retrouve tout ce qui fait l'émotion et la répulsion de ces lieux de pèlerinage : la foule bigarrée mais priante, les drapeaux de toutes les nations, les gestes bouleversants des hommes en prière, les religieuses en uniforme, les malades portés sur le dos mais aussi le commerce des vierges plus saintes les unes que les autres, des bandes dessinées, sur l'histoire de la voyante. On croise aussi ces corbeaux mielleux, spécialistes de la com, dont on ne sait jamais s'ils veulent sauver l'âme de leurs frères ou leur porte-feuilles.
Les acteurs sont impressionnants. Vincent Lindon incarne Jacques, un physique massif et tendu, qui laisse entrevoir des failles et le doute. Anna, celle qui a vu la vierge, c'est Galatea Bellugi, un premier rôle où l'intensité lumineuse de son regard permet de croire à toutes les apparitions miraculeuses.
Le scénario, en scrutant le passé d'Anna, entremêle différentes pistes, dont certaines sont inabouties. Mais la fiction fonctionne et, malgré sa durée (2h17), le film ne semble pas long et on apprécie d'avoir suffisamment d'espace pour participer nous aussi à l'enquête. Les questions soulevées et la foi de certains protagonistes nous interpellent vraiment, qu'on soit ou non croyant.
La dernière image du film est saisissante. On revient au désert, un lieu emblématique pour le cinéma et pour la foi, où Jacques ne peut se résoudre à trancher sur la véracité des faits. Mais il sait qu'il a été bouleversé par ce qu'il a vu : la foi des croyants, l'ardeur du sacrifice, l'élan sincère de la prière :''les âmes ont leur monde et je ne savais rien de ce monde''.
''L’Église ne cautionne jamais des voyants mais des croyants'' Mgr Etchegaray
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