Alors que l'Allemagne fait figure de partenaire "Premium" pour la France, les élèves scolarisés au Collège et au Lycée semblent se détourner de la langue de Goethe. Selon les chiffres du Ministère de l'éducation ils étaient 600 000 à apprendre l'Allemand en première langue en 1996 pour n'être plus que 139 000 élèves germanophones en 2022. Pourquoi ? Comment redonner le goût de l'Allemand ? Rencontre avec Karine Tavernier, professeure au Puy-en-Velay engagée dans les échanges Franco-Allemand.
Au moment de choisir leur seconde langue, les collégiens ne font pas dans l'originalité. Selon les statistiques du Ministère de l'Education c'est l'Espagnol qui domine les classements. En 2021 ils étaient 616 000 à l'avoir sélectionné comme deuxième langue contre seulement 100 000 pour l'Allemand qui reste tout de même devant l'Italien (avec 49 000 élèves en 5ème).
Pour Karine Tavernier, professeure d'Allemand dans les établissements privés du Puy-en-Velay, cet écart s'explique par "de fausses idées" sur l'apprentissage de la langue de Goethe. "J'entends souvent qu'apprendre l'Espagnol c'est plus facile alors que ce n'est pas vrai" s'emporte celle qui est aussi très engagée dans le développement des échanges internationaux entre la France et l'Allemagne.
Pourtant apprendre l'Allemand dès le collège à ses avantages selon l'enseignante qui n'hésite pas à faire de la rareté un atout "les jeunes qui choisissent l'Allemand se retrouvent dans des classes de 6 à 10 élèves ce qui permet de mieux les accompagner" et de penser à leur avenir professionnel "les entreprises françaises ont besoin de germanophones pour développer et maintenir les liens économiques avec leurs partenaires allemands". Un argument que confirme les offres d'emplois publiées par les entreprises sur les sites spécialisés dans le recrutement de cadres. L'Allemand y est la deuxième langue la plus recherchée après l'Anglais et Karine Tavernier de rappeler que "les jeunes qui apprennent l'allemand auront de supers jobs ! Les entreprises, même en Haute-Loire, recherchent des professionnels qui parlent l'allemand. Et on sait que ce qui est rare est cher".
Et si cela ne suffisait pas à vous convaincre (ou à convaincre vos enfants) Karine Tavernier sort un argument qui pourrait faire mouche auprès de ceux qui rêvent de voyager à moindre frais pendant leur scolarité. La professeure accompagne, chaque année, de nombreux élèves en Allemagne dans le cadre de programmes financés par des organismes comme l'Office Franco-Allemand pour la jeunesse "nous arrivons à organiser des voyages scolaires de 10 jours en Allemagne avec un reste à charge de 80€ pour les familles" explique, enthousiaste, l'enseignante qui espère voir les effectifs progresser dans les années futures au risque de "ne plus avoir de professeur d'Allemand au Puy-en-Velay" d'ici une quinzaine d'années.
Depuis sa création en 1963, l'Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ) incarne l'amitié profonde entre la France et l'Allemagne. Fondé sur les principes du traité de l'Élysée, il s'engage à rapprocher les jeunes des deux pays et à renforcer leur compréhension mutuelle.
Pour cela l'OFAJ soutient financièrement et logistiquement une multitude de projets d'échange entre la France et l'Allemagne, couvrant divers domaines tels que les échanges scolaires, les partenariats régionaux, les rencontres culturelles et sportives, les stages professionnels, ainsi que les bourses pour la recherche. Au-delà de cette coopération bilatérale, il favorise également les rencontres internationales, élargissant ainsi son champ d'action à toute l'Europe.
Ses objectifs sont clairs : intensifier la coopération franco-allemande, promouvoir l'apprentissage interculturel, transmettre des compétences clés pour l'Europe, susciter l'intérêt pour la langue du partenaire, renforcer la participation des jeunes, faciliter l'accès à la mobilité, et partager les expériences avec d'autres pays européens.
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