Depuis le 3 janvier, il est interdit de boire et de manger dans les salles obscures. Une mesure prise par le gouvernement pour lutter contre la flambée des cas de Covid, mais qui a un fort impact financier pour les cinémas.
Adieu les traditionnels pop-corn, glaces et autres bonbons pendant les films. Cela fait déjà une semaine que les cinémas ne peuvent plus vendre de douceurs aux spectateurs, car il est désormais interdit de consommer de la nourriture et des boissons dans les salles. C'est une nouvelle mesure sanitaire exigée par l'État français pour lutter contre la propagation du coronavirus.
De quoi ravir sans doute les cinéphiles exigeants, qui n'apprécient guère les bruits parasites qui viennent perturber leur séance... Cependant, les exploitants, eux, sont moins ravis, car ils ont besoin de cet apport financier : « La vente de confiserie ou de produits annexes représente le chiffre d'affaires qui est la marge pour nos cinémas », explique Dévy Thuillier, directeur du CGR de Bourges.
Une source de revenus d'autant plus appréciée qu'en ce moment, il n'y a pas foule au multiplexe berruyer : « Ça nous permet de pouvoir subvenir aux besoins de notre établissement sur des périodes creuses, comme c'est le cas pour le mois de janvier », confirme Dévy Thuillier. Le directeur a également besoin de cette recette pour entretenir et améliorer le matériel de son cinéma, qui compte 12 salles : « On a réinvesti dernièrement sur des salles, sur des projecteurs, sur une salle ICE... Ça a été possible uniquement par la recette faite par les produits annexes que sont la publicité et la confiserie. On ne s'en rend pas compte mais c'est un énorme manque à gagner. »
Le 27 décembre dernier, quand le gouvernement a annoncé sa batterie de nouvelles mesures pour faire face au regain épidémique, Dévy Thuillier s'attendait plutôt à une limitation de jauge pour les salles obscures, qu'il aurait préférée, plutôt qu'à l'arrêt de la confiserie. L'interdiction court pendant encore au moins deux semaines. Le directeur du CGR de Bourges espère qu'elle ne durera pas plus longtemps, puisque son impact ne se limite pas seulement à l'investissement dans le matériel : « Il ne faut surtout pas que ça dure ! Ça tombe sur un mois de janvier qui est souvent un peu plus calme. C'est encore plus dur pour nous, parce que ce chiffre d'affaires, qui va nous manquer, nous permettait presque de payer juste nos charges fixes. Ça nous pose des problèmes aussi pour notre personnel... On est obligé d'en mettre certains au chômage partiel de nouveau et ce n'est pas de gaieté de cœur. L'arrêt de la confiserie nous fait très mal psychologiquement et financièrement. »
Les cinémas ne sont pas épargnés par la crise sanitaire. En 2021 ils sont restés fermés jusqu'au mois de mai, ils ont dû composer avec le couvre-feu jusqu'à fin juin, et avec l'obligation du pass sanitaire depuis juillet. Entre restrictions et peur du virus, la fréquentation reste variable au CGR de Bourges, avec tout de même des beaux succès depuis la reprise, notamment en fin d'année : « Avec Spider-Man (en décembre) et le film des Bodin's (en novembre) les gens sont venus en nombre, on a fait de superbes chiffres... Mais globalement on est quand même en négatif par rapport à l'année 2019*. »
* 2019 a été une année record pour le CGR de Bourges avec 500 000 entrées.
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