La France est le pays qui a la plus grande surface de vitraux dans le monde avec un total avoisinant le million de mètres carrés. Entre les cathédrales, les églises, les chapelles, les châteaux et autres demeures, on trouve du vitrail partout. Longtemps utilisé comme un livre de verre visant à édifier le plus grand nombre, cet art à l'avenir incertain n’a plus la même fonction aujourd’hui. Malgré un certain engouement, le vitrail n’attire plus autant les jeunes et la profession manque de nouveaux vitraillistes.
Le vitrail est un art qui se pratique depuis de nombreux siècles. Dès le IVe siècle, les premières églises chrétiennes étaient ornées de petits vitraux primitifs. Mais c’est au VIe siècle que ces créations colorées connaissent un véritable essor à travers toute l’Europe occidentale. Ainsi, la basilique Saint-Vital de Ravenne, en Italie, est dotée d’anciens vitraux encore observables aujourd’hui, qui n’étaient alors que composés de teintes de noir, de gris et de brun. Au cours des siècles, les vitraux ont pris des couleurs et sont devenus de plus en plus grands.
Depuis les débuts, les méthodes utilisées par les artisans vitraillistes sont restées inchangées. Les œuvres sont toujours composées de sable, notamment de silice, chauffé à 1 000 degrés puis soufflé et aplati, afin de composer des panneaux de verre qui forment ensuite le vitrail. Cependant, cet art s’est aujourd’hui divisé en deux branches se partageant la lumière : l’une fidèle aux représentations religieuses et l’autre adepte des créations artistiques plus abstraites. Mais tout comme la création classique, "la création contemporaine ne laisse pas indifférent", estime Jean-Paul Deremble, président du conseil scientifique du Centre International du Vitrail (CIV). À Metz, la cathédrale est le mélange parfait entre le vitrail ancien et le moderne.
En 1981, le Centre International du Vitrail de Chartres ouvre ses portes. Il regroupe le musée du vitrail, un centre de formation professionnelle et l’école du vitrail et du patrimoine. "Sa mission principale est de faire connaître la création contemporaine et ancienne à l'international", explique Jean-François Lagier, directeur du CIV. Le centre est une plateforme internationale qui mélange des professionnels, chercheurs et artistes du monde entier, afin de faire connaître les techniques d’un art "qui n’est plus compris mais qui reste visible partout", selon le directeur.
"Tout le sujet est là", insiste Jean Touchard, chargé de mission Intelligence Artificielle pour la lecture des vitraux de Chartres au CIV. D’après lui, "la majeure partie de la population ne sait plus lire les vitraux" et "s’émerveille" simplement devant les œuvres. C’est pourquoi des solutions sont pensées pour développer des outils de compréhension accessibles pour la population. Se posant la question de comment expliquer les vitraux au public, le CIV a même décidé d’exploiter l’intelligence artificielle. "Ça a été pensé pour permettre aux gens de s’interfacer avec le vitrail", confie Jean Touchard.
Rendre le vitrail accessible est un véritable défi au regard du patrimoine important qu’il y a en France. "Si on comptabilise le tout, on approche du million de mètres carrés de vitraux et la plupart est à restaurer", indique Jean-François Lagier. La préservation des vitraux est un enjeu essentiel en raison du trop peu d’effectif dans les rangs des vitraillistes par rapport au nombre de vitraux à restaurer. Avec le nombre de professionnels actuels, "il faudrait quatre générations pour tout rénover", déplore le directeur du CIV.
Encore méconnu, le métier de vitrailliste n’est pas le premier choix des jeunes. Pourtant, "c’est un métier gratifiant et satisfaisant, quelque chose d’un peu magique", affirme Bruno Loire, directeur de l’Atelier Loire à Chartres, lequel considère le verre comme "un matériau extraordinaire". Il s’agit d’un véritable métier d’art qui demande de la maîtrise, de la pratique et une fibre artistique. Une exposition sera présentée en 2024 pour le centenaire de l’atelier Loire, l’occasion de découvrir en détails cette profession et de peut-être générer des vocations.
Plusieurs formations au métier de vitrailliste existent sur le territoire. En région parisienne, le lycée professionnel Lucas de Nehou propose des formations diplômantes. "L’apprentissage est long et s’acquiert au fil des années", explique Marie-Thérèse Gouhier, maître verrier, animatrice et formatrice au Centre international du Vitrail. Le CIV possède également un centre de formation professionnelle où des stages d’initiation et un cursus spécialisé permettent d’entrer dans la profession.
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