L'émotion est vive après l'attaque au couteau dans une église de Nice ce matin. "Aujourd'hui, la Nation toute entière se tient aux côtés de nos concitoyens catholiques", a déclaré Emmanuel Macron. Le pape François a dit prier "pour les victimes, pour leurs familles et pour le bien-aimé peuple français, afin qu'il puisse réagir au mal par le bien". Dans une déclaration à l'AFP, la Conférence des évêques de France (CEF) a qualifié cette attaque d'acte "innommable" et souhaité que "les Chrétiens ne deviennent pas une cible à abattre". RCF diffuse en direct une édition spéciale pour revenir sur ce drame qui a coûté la vie à trois personnes. Et frappé l'Église catholique en son sein.
Je suis proche de la communauté catholique de #Nice, en deuil après l'attaque qui a semé la mort dans un lieu de prière et de consolation. Je prie pour les victimes, pour leurs familles et pour le bien-aimé peuple français, afin qu'il puisse réagir au mal par le bien.
— Pape François (@Pontifex_fr) October 29, 2020
L'archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun et Roseline Hamel, la sœur du Père Jacques Hamel, assassiné en 2016 dans l'église de Saint-Étienne-du-Rouvray, ont signé un communiqué commun pour dire leur solidarité avec les proches des victimes et rappeler que "le Dieu qui demande de tuer n'existe pas". Ce soir sur RCF, Mgr Lebrun a aussi une pensée pour "les proches de cet homme qui a cru pouvoir tuer au nom de Dieu".
L'archevêque de Rouen insiste, ces attentats doivent nous interroger sur notre projet de société : "Quel est notre projet au fond ? demande-t-il, quel est le projet de la nation française aujourd'hui ? Comment ce projet accueille-t-il le projet des croyants ? Nous n'avons pas de programme, non plus, mais nous avons quand même un projet pour la société. De même, il faut interroger nos frères musulmans, ont-ils un projet pour la société ? Quel est ce projet ?"
Mgr Lebrun l'admet, il y a parfois "une incompatibilité" entre nos projets de société, celui de la société française et celui des catholiques : "il faut qu'on puisse se le dire et qu'on soit pas empêchés non plus de le dire par une espèce de censure qui mettrait les lois de la République comme un absolu". L'archevêque de Rouen souligne qu'il "peut y avoir un fanatisme aussi des lois de la République qui ne serait pas de bon aloi".
"Il faut que nous ayons un dialogue plus fort et plus profond." Mais il faut "aller au dialogue avec un doute", prévient Mgr Lebrun : "Si je suis sûr de moi, je suis dans l'absolu, je vais devenir fanatique". "Moi catholique je ne connais pas complètement Dieu, il s'est révélé en Jésus mais il me dépasse. Je vais avec mes questions, mes doutes." On peut ainsi se demander "où était Dieu dans cet attentat ?"
Pour l'archevêque, il faut "continuer de prier" car si "la prière n'est pas un moyen magique", elle "est très puissante, ne serait-ce que pour convertir notre cœur, mettre devant le Seigneur nos sentiments les plus profonds". Or, "au plus profond de nous-mêmes, de tout être humain il y a le désir de fraternité".
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