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Le 6 juin 2020 : une commémoration en petit comité
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Le 6 juin 2020 : une commémoration en petit comité

Un article rédigé par Sophie Laurant - RCF,  -  Modifié le 19 mai 2020
Sophie Laurant revient sur l'origine de cette commémoration du Débarquement des troupes alliées le 6 juin 1944 : une oeuvre de mémoire devenue un jour de politique internationale

6 juin 1944 ! C’est le Jour J - ou le D-Day pour les anglophones. Le jour où les alliés ont débarqué sur les plages de Normandie. 150 000 soldats britanniques, américains et canadiens ont alors pris pied en France afin de faire refluer vers l’Est les forces allemandes. Cette opération baptisée Overlord signifiait pour nous, Français, le début de la Libération. C’est pourquoi un bataillon de 177 engagés de la France Libre y a participé symboliquement, même si c’était sous uniforme britannique.

Comme pour le 8 mai et le 18 juin, les commémorations seront très réduites. Il y aura une brève cérémonie internationale à Vierville-sur-Mer,  juste derrière la plage d’Omaha Beach. Seront présents un ou deux représentants de chaque pays allié et de l’ambassade d’Allemagne. On déposera une gerbe, sans aucun public… C’est la première fois que cela se passera ainsi depuis… et bien, depuis 1945.

Des cérémonies avaient lieu avant même la fin de la guerre ?

Grâce à un résistant normand, Raymond Triboulet, que le général de Gaulle avait nommé sous-préfet de Bayeux. Raymond Triboulet insiste pour que la Normandie remercie tout de suite ses libérateurs sur les plages même où ils ont pris pied. Il existe d’émouvantes images d’archives montrant ces premiers défilés de soldats alliés salués par des petites filles portant des coiffes normandes. Très vite, les élus locaux comprennent l’intérêt de ce que l’on va appeler le tourisme de mémoire. Ils créent des musées et tentent de protéger le patrimoine lié au débarquement, comme par exemple le port artificiel d’Arromanches. Et ça marche ! Les vétérans et leurs descendants vont venir toujours plus nombreux jusqu’à aujourd’hui, visiter la Normandie en famille. Excellent (sauf cette année) pour l’économie de la région.

Au niveau de l’Etat, si de Gaulle boudait le 6 juin, François Mitterrand, à partir de 1984, va lui donner une tournure de sommet politique international en invitant pour la première fois des chefs d’Etat. Et tout le monde se souvient de la commémoration du 70e anniversaire en 2014, avec Barak Obama tapotant l’épaule d’Elizabeth II. De fête régionale et alliée, le 6 juin est enfin devenu une « Journée nationale » reconnue par l’Etat en 2003. Plus intéressant : son sens aussi a évolué. Depuis les années 2000, on a redécouvert la souffrance des soldats, autant victimes que héros, et surtout celle de la population. En Normandie, 20 000 personnes ont succombé sous les bombes alliées en trois mois. Cette mémoire-là, longtemps taboue, est désormais prise en compte par les Mémoriaux comme à Falaise, à Caen ou dans les musées dits de sites. Les commémorations, vous le voyez, s’inscrivent elles-mêmes dans l’histoire.

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