La France produit chaque année 39 millions de mètres cubes de béton. Pourtant ce matériau est de plus en plus critiqué pour son aspect et ses conséquences sur l’environnement. Mais Rudy Ricciotti, qui a bâti sa renommée sur le béton fibré, veut aller à l’encontre des clichés. Son livre est un procès fiction, dans lequel le béton est l’accusé, "une forme ironique avec l’objectif de défendre une discipline qui est très caricaturée", selon l'architecte.
Le Mucem, à Marseille, l’une de ses œuvres les plus connues, est entièrement composé de béton fibré, un mélange de béton, d’acier et fibres organiques. Le béton porte "une histoire de beauté et cela fait 2000 ans que ca existe", explique Rudy Ricciotti.
"C’est un matériau de famille qui est porté par 2 millions d’emplois en France", assure l’architecte, qui avant de défendre le béton, veut défendre "un métier de partage". Car derrière l’architecte, il y a de nombreux métiers qui se complètent, "des coffreurs et des férailleurs", par exemple. Pour Rudy Ricciotti, le béton est aussi "un matériau de redistribution des richesses parce qu’il est fait à proximité".
C’est parce que le béton est très critiqué que l’architecte veut le défendre. Beaucoup de constructeurs tournent le dos à ce matériau, jugé peu esthétique et polluant, pour aller vers du bois. Mais Rudy Ricciotti veut croire en sa durabilité: "Je me méfie des maisons en kit et en bois dont on sait qu’ils ne dépasseront pas la décénnale. Alors que le béton c’est 100 ans", assure-t-il.
Par ailleurs, il est possible selon lui de concilier le travail du béton et l’écologie. Pour réaliser le matériau, "on travaille avec des déchets de la sidérurgie", explique-t-il, prenant pour exemple une médiathèque en cours de réalisation avec du béton "très bas carbone". "Il ne faut pas opposer la figure du diable et une sainte figure", affirme Rudy Ricciotti.
Face aux critiques, l’architecte préfère l’humour. "Je ne supporte plus cet état de société où on ne fait plus que des reproches. Mon boulot, je le fais avec tendresse et humour. C’est un langage, c’est une matière sémantique. J’aime la notion de partage", conclut-il.
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