Comment assurer leurs bibliothèques, écoles ou gymnases ? Les assureurs sont de plus en plus frileux, voire résilient complètement leur contrat d’assurance avec les communes. C’est le cas d’une collectivité sur cinq d’après les chiffres publiés dans un rapport sénatorial. Et les maires bretons ne sont pas épargnés.
1er janvier 2025. Une date qui se rapproche dans le calendrier et que redoute Didier Planté, maire de Ploéven dans le Finistère, commune de 526 âmes non loin de Plomodiern. Car au premier janvier, la commune de Ploéven n’aura plus d’assureur.
Ce dernier a décidé de rompre le contrat qui le reliait à la commune. Pourquoi ? Trop de sinistres à dédommager pointe l’assureur. « C’est la douche froide, se désole le maire. Cela faisait depuis quatre mandats qu’on était chez cet assureur. Là, on a contacté trois autres assureurs. Hier (mardi), on a eu la réponse d’un assureur qui ne donnait pas suite au dossier. On a encore deux assureurs qui n’ont pas rendu de réponse. Mais si ces assureurs nous donnent la même réponse, moi au premier janvier 2025, je n'ai plus d’assurance pour les bâtiments, mon personnel et la responsabilité civile », souffle l’édile. Il n’y a plus qu’à attendre et espérer une réponse positive.
S’auto-assurer, comme le font certaines communes qui elles aussi trouvent la portes des assureurs fermées ? « Nous on est une petite commune. Notre budget ne le permet pas ! Tant que je n’ai pas de sinistre c’est bon mais si on a de nouveau une tempête comme la tempête Ciaran… Là je viens de finir la salle polyvalente, j’en ai pour 1,8 millions d’euros. Si elle est rasée je ne peux pas couvrir », prévient l'élu.
Une collectivité sur cinq fait face à cette même difficulté, d’après les chiffres publiés dans un rapport sénatorial. Une situation qu'a connu la ville de Dinan, dans les Côtes d'Armor, qui s’est retrouvée sans assureur en 2023. La Maif, qui l’accompagnait jusqu’alors, a fait part à la municipalité de son souhait de résilier le contrat en mars 2023. Contrat qui courait jusqu’à fin 2024. Suite à un appel d’offres, aucune compagnie française n’a accepté d’assurer la ville.
Le maire n’a donc eu d’autres choix que de chercher à l’étranger. « Nous avons deux assureurs, qui ne sont pas français. C’est à 50 % un assureur japonais, et 50 % un assureur anglo-saxon », précise Didier Lechien, maire de Dinan. « Nos mandats sont déjà très compliqués, si en plus nous ne trouvons pas d’assureur pour nous accompagner et pour couvrir les risques qu’encourent les collectivités, c’est extrêmement dommageable. Imaginons qu’un sinistre important survienne, c’est tout le budget de la ville qui peut être très lourdement impacté », continue le maire de la cité médiévale.
Dans ce rapport établi par les sénateurs, des pistes de solutions sont envisagées. Ils appellent notamment, à ouvrir le secteur à la concurrence car pour l’instant les communes sont obligés de recourir à un assureur désigné.
L’idée est également mise sur la table d’imposer une durée minimum de préavis avant une résiliation d’un contrat par l’assureur.
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