« Le courage des autres », de Hugo Boris, éditions Grasset.
C’est aujourd’hui à nouveau jour de grève généralisée, et les transports en commun sont plus galère que jamais. On le sait, le métro est un microcosme qui enregistre les moindres tensions sociales au quotidien, alors vous pensez… les jours de grève ! Dans son livre autobiographique, Hugo Boris ne se donne pas le beau rôle : usager régulier des transports en commun, il dépeint les scènes classiques de la vie du rail souterrain. Des moments d’émotion, des élans de gentillesse et aussi, il faut bien le dire, des scènes de violence.
Comment se fait-il que, dans les rames bondées, il arrive que personne ne prenne la défense de ceux qui sont agressés, insultés, malmenés ? Hugo Boris, ceinture noire de karaté, le confesse : il est le premier à ne pas s’en mêler, voire à prendre la poudre d’escampette : « J’ai la maladie de la peur. Je suis devenu la proie de ce mot. Ma propre réaction me terrorise », confie l’auteur. Mais qui lui jetterait la première pierre ?
Pas vraiment : c’est vrai, l’auteur témoigne de sa propre couardise, si communément partagée dans les compartiments du RER, mais sa lâcheté n’apparaît souvent qu’au regard du courage de l’un ou l’autre passager qui, d’une voix calme, peut demander à un ivrogne d’arrêter d’importuner ses voisins, ou d’un voyageur qui s’interpose entre une personne isolée et quatre petites frappes de banlieue.
« La communauté humaine qui se rassemble pour cette épopée quotidienne donne à voir le meilleur et le pire d’elle-même, écrit cet entomologiste du Francilien. Mais dans ce pire, il suffit du courage d’une seule personne pour la racheter. » Et le livre n’est pas triste, plein d’humour et de délicatesse ; avec une bonne dose d’autodérision.
Châtelet-Les Halles, Ligne 13, RER B… C’est affaire de Parisiens, me dites-vous ? Pas seulement : ce qui se joue dans les stations souterraines et révélateur de notre condition humaine. Ce que nous raconte Hugo Boris a pour cadre le métro parisien ; cela pourrait aussi bien se passer dans les gares, les salles d’attente d’une administration ou la cohue des soldes.
Il y a de multiples occasions d’être témoin de scènes d’énervement, voire d’agressions, et nous n’osons pas imaginer quelle serait notre propre réaction. Serons-nous minables ou courageux. Quand il est avec son gamin, Hugo Boris ne craint rien ni personne : « la peur a complétement disparu. Je suis protégé par mon fils de moins d’un an. Je suis invincible quand je voyage avec Gabriel. Si quelqu’un le touche, je le tue. Je le sais et tout le monde le sait ». Peut-être est-on plus courageux pour protéger ceux qu’on aime que pour se défendre soi-même !
C’est « Le courage des autres », d’Hugo Boris, publié chez Grasset. Et il se passe aussi de belles choses dans le métro.
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