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Le Docteur Vincent Morel explique l'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation de Vincent Lambert

Un article rédigé par Etienne Pépin - RCF,  - Modifié le 26 juin 2021
3 questions àLe Docteur Vincent Morel explique l'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation de Vincent Lambert
Depuis ce 20 mai, Vincent Lambert n'est plus alimenté ni hydraté. Retour sur cet acte médical avec le Docteur Vincent Morel, président du comité du suivi du plan national de soins palliatifs
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Les traitements de Vincent Lambert, hospitalisé depuis 2008 en état de conscience minimale, doivent être arrêtés cette semaine. C’est le docteur Vincent Sanchez, le chef de l’unité de patients cérébrolésés du CHU de Reims qui l’a annoncé le 9 mai dernier après 6 années de batailles judiciaire et éthique. Qu’est-ce que cela signifie sur le plan médical ? On en parle avec le Docteur Vincent Morel le président du comité du suivi du plan national de soins palliatifs. 
 

C’est cette semaine que doivent être arrêtés l’alimentation et l’hydratation artificielle et que doit être mise en œuvre une sédation profonde et continue de Vincent Lambert. Ca consiste en quoi ?

"Cela consiste à mettre et une perfusion, et dans cette perfusion, mettre un produit qui va endormir la personne sans provoquer le décès. L'objectif de la sédation profonde et continue c'est de soulager un patient pour qu'il ne souffre pas alors qu'il va mourir. Donc la sédation profonde et continue n'engendre absolument pas le décès, ce n'est absolument pas, ce qu'on peut dire dans le langage courant, une euthanasie, on ne va pas provoquer le décès, on a un décès qui va survenir, on le sait, mais moi je ne suis pas le maître des horloges, je ne suis pas le maître du temps, je vise simplement à soulager un patient."
 

Et qu'est ce qui provoque la mort dans ces circonstances ?

"Alors ce qui provoque la mort, ça va être les conséquences de la déshydratation, c'est à dire qu'on ne meurt pas de faim et on ne meurt pas de soif, la faim et la soif sont des sensations qu'on maîtrise, et donc là bien sûr il va falloir accompagner le patient, accompagner sa famille, et dans les jours qui vont suivre, le décès va survenir des conséquences de la déshydratation, c'est à dire d'une insuffisance rénale par exemple." 
 

Comment savoir si la personne souffre pendant cette procédure, comment sont prises en charge ces souffrances comme la sensation de soif dont vous avez parlé tout à l'heure ? 

"Pour la sensation de soif, c'est pas lié à l'état d'hydratation, c'est lié à la sécheresse bucale, donc si on fait des soins de bouche réguliers, il n'y a pas cette sensation de soif, mais pour être sûrs que cette sensation n'existe pas et soit totalement calmée, donc pour être sûrs que la personne ne souffre pas, on va associer à l'hydratation de la bouche par des soins de bouche les antalgiques et le fait d'endormir le patient par une sédation profonde et continue. Donc à la fois, on met des antalgiques, on hydrate la bouche et en plus on endort la personne, pour être sûrs qu'il n'y ait pas cette sensation désagréable."
 

Est-ce que des soins sont prodigués au patient pendant les derniers instants de sa vie, je pense à des massages par exemple, ou des choses qui améliorent sa condition jusqu'aux derniers instants ? 

"Au delà des soins médicaux c'est toute la prise en charge par les infirmières et les aides-soignantes qui est essentielle. On a par exemple chez nous un dispositif de relaxation pour pouvoir accompagner la personne au travers de la musique, de l'aromathérapie, avec des psychomotriciennes, avec des infirmières, avec des aides-soignantes qui au quotidien, en permanence, chaque heure vont être avec des patients. Donc ce qui est important, c'est de maintenir le lien avec le patient. Il y a une technique médicale, mais la relation elle passe aussi par l'attention que l'on doit porter en permanence à cette personne malade, parce qu'elle est dans une situation de vulnérabilité, et nous ce que l'on doit, c'est lui assurer que nous, lorsque l'on arrêtera les traitements, on sera en permanence à ses côtés, et c'est le cas dans l'ensemble des services qui prennent en charge ces patients. "

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