L’organisation Etat islamique vient de perdre les dernières parcelles de son territoire conquis dans le sang, depuis huit ans. Une victoire relative qui ne fait cependant pas oublier ces huit années de terreur et de souffrance pour le peuple syrien. Ziad Hilal en fait partie. Il est prêtre, jésuite, et vit à Homs. Une ville qui a subi pendant près de six ans un siège terrible. Ziad Hilal est actuellement en France pour faire la promotion de son livre, publié chez Bayard : "Homs, l’espérance obstinée".
"Après ces huit ans de guerre, il y a un changement. Après l’évacuation des rebelles, en mai 2014, les gens ont commencé à revenir dans le centre-ville, et tout autour. Il y a un travail qui se fait sur place, sur la reconstruction des maisons, des rues, des églises, grâce à des associations comme l’Oeuvre d’Orient, l’Aide à l’Eglise en Détresse et le Secours catholique qui nous aident" explique Ziad Hilal.
Une reconstruction qui n’a cependant pas réussi à gommer les traces de la guerre. "On ne peut pas marginaliser ce qui s’est passé. La moitié de la ville était détruite. La plupart des bâtiments étaient détruits. La moitié de la population a quitté les maisons en février 2012. Et ils ne sont jamais revenus. La ville était vidée" ajoute le prêtre syrien, qui lui, est resté. "C’était notre mission. Il y avait aussi des religieuses, des prêtres, des évêques, une communauté chrétienne importante qui est restée sur place" lance-t-il.
Dès lors, une question se pose. Comment vivre ou plutôt survivre dans un tel environnement ? C’est ce que le père Ziad Hilal raconte dans son livre. "Il faut trouver une lueur dans l’enfer. Il faut reconstituer notre vie. Quand il n’y avait pas d’électricité, d’eau, de produits de première nécessité, les gens mangeaient de l’herbe. Il n’y avait rien à manger" témoigne le prêtre jésuite, qui a lui aussi connu la faim durant ce temps.
Ziad Hilal témoigne, et l’affirme : ce n’était pas une guerre de religion. "L’Eglise avait un rôle très important. Nous avons aidé les musulmans avec Caritas Syrie et le JRS. Il y avait quelques cas de conflits entre religions, mais pas dans toute la Syrie. Ce n’était pas une guerre contre les chrétiens. Oui, Il y avait des intégristes qui voulaient imposer leur manière de vivre, mais c’était quelques cas exceptionnels. Mais en Syrie, la guerre était une guerre d’autorité" précise-t-il.
Pour lui, les habitants de la ville, et son équipe, ont été des héros. "Ils ont tous oeuvré en même temps. Ils n'avaient pas peur d'affronter les bombes et les balles. Beaucoup ont été touchés, certains ont été kidnappés. Mais malgré cela, nous n'avons jamais arrêté le travail sur place" conclut-il.
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