Le label Breizhmer certifie l'origine bretonne des produits de la mer

Le label Breizhmer a été lancé suite à un constat : Il n’y avait aucune « marque de garantie » bretonne garantissant l’origine locale des fruits de mer. L’association bretonne, Breizhmer, de la filière pêche, aquaculture et mareyage a présenté le label, lundi 16 septembre, à Rennes. Les explications d’Isabelle Thomas, la secrétaire générale de l’association. 

Vous venez de présenter le label Breizhmer. Pourquoi a-t-il été créé ?  A partir de quel constat est-il né ? 

Tout d'abord c'est un label breton. Le premier constat c'est qu’en Bretagne on a des produits de la mer qui sont issus aussi bien de la pêche, de la conchyliculture que du mareyage. On a tous les produits de la mer, pourquoi est-ce qu'on ne valoriserait pas cette force, cette puissance en terme de qualité de savoir-faire, en terme de variété de production, de littoraux etc. ? On s'est dit que ça méritait d'être valorisé.

Et puis ensuite on a constaté qu’il y avait une méconnaissance de la part des consommateurs sur ce qu'ils achètent et ce qu'ils mangent. Ils ne savent pas toujours, quand ils achètent des crevettes ou du cabillaud, du saumon ou d'autres espèces, quelles sont les provenances, ou quelles sont les conditions de fraîcheur etc. Nous avons donc décidé, non pas d'éduquer, le mot est trop fort, mais en tout cas d’informer et de créer un dialogue avec le consommateur pour pouvoir répondre à ces questions. L'exigence du consommateur augmente. Le savoir-faire et les pratiques des producteurs augmentent aussi en qualité, ça mérite qu'on valorise cela.  

Un label local unique en Europe ? 

C'est complètement unique sur plusieurs aspects : d'abord parce qu'il couvre tous les produits de la mer, coquillages d'élevage, coquillages de pêche à pied, poissons, crustacés et même tous les modes de conditionnement. Ça peut être du produit frais, congelé ou transformé. Il couvre en plus tous les critères du développement durable.

 

Justement on y vient, quels sont les critères et le référentiel de ce label ? 

Alors si on regarde les principaux, il y a d'abord l'origine bretonne, la qualité, la fraîcheur et la traçabilité, (ça c'est très important pour savoir ce qu'on mange, d'où ça vient etc). Et puis il y a les critères du développement durable que sont les critères environnementaux, les critères sociaux et les critères de territoire.

Quelles sont les performances et les premiers chiffres qui se dégagent de ce label ? 

En moins d'un an, nous avons environ 150 producteurs, pêcheurs et entreprises de transformation qui ont obtenu la certification Breizhmer, garantissant le respect des critères stricts du label. C’est plus de 200 produits de la mer actuellement labellisés sur le territoire; incluant poissons, crustacés, coquillages, mollusques et algues. Ce qui représente pour la pêche, un tiers des volumes débarqués en Bretagne et pour la conchyliculture : 700 tonnes de moules et 1500 tonnes d'huîtres (chiffres 2023). Un autre aspect dégagé qui n'est pas chiffrable : c’est une vraie solidarité de la part de la filière, de la production à la transformation pour valoriser ces produits.

Quand on est professionnel, comment faire pour obtenir ce label ?  

C'est très simple, vous allez sur le site Breizhmer, vous cliquez sur la page label, et là vous allez pouvoir d'abord examiner l'ensemble des critères. Par un simulateur que nous avons mis en ligne, il est possible en quelques clics, et en un quart d'heure, vingt minutes, de vérifier que vos produits sont labellisables. Et si “vous avez bon”, à l'issue de ce questionnaire, et bien vous avez tout de suite une petite note qui vous dit que vous êtes labellisable. Vous envoyez ensuite votre candidature, et dans les quinze jours qui suivent vous serez labellisé. C’est une certification extrêmement peu coûteuse. Comme nous sommes une association de loi 1901, nous ne faisons pas de bénéfices, donc les prix sont hors concurrence. En général, ce qui est le plus cher dans une labellisation, c’est le contrôle et il est pris en charge par l'association Breizhmer. Ces contrôles sont effectués tous les ans par le bureau Veritas pour s’assurer du respect des critères. 

Quand verra-t-on ces labels arriver dans les grandes surfaces ? Est-ce qu'on peut déjà les voir dans certaines surfaces indépendantes ?

Il y en a déjà. On peut surtout les retrouver chez des indépendants. Je pense que la campagne de communication grand public va nous aider à généraliser ce label aux grandes surfaces. On a aussi une campagne dirigée vers et pour les grandes enseignes. C'est donc en bonne voie.

Ce label influe-t-il sur le prix des produits de la mer ?

Ce n’est pas l'objectif. L'enjeu c'est en revanche de garantir un prix digne, juste, pour le producteur. On a aujourd'hui un consommateur qui est déjà en grande difficulté sur le plan financier, avec un pouvoir d'achat qui ne s'améliore pas. Les produits doivent donc rester accessibles. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on retrouve des produits qui sont de grande consommation, comme la sardine, le maquereau, les moules, etc. qui ne sont pas des produits chers. Nous avons à cœur de ne pas vouloir faire un label d'élite, mais au contraire un label pour tous.