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Le monde d'après
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Le monde d'après

RCF,  -  Modifié le 30 janvier 2021
Rappelez-vous, au début de l’été dernier, et même lors du confinement de printemps, cette expression faisait florès...
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«  Le monde d’après ».

 

Rappelez-vous, au début de l’été dernier, et même lors du confinement de printemps, cette expression faisait florès. Nous allions préparer, entrer, vivre le monde d’après. « D’après quoi » ?, ce n’était pas bien clair. À la fois d’après le covid, mais aussi « d’après » tout court en quelque sorte. Une nouvelle ère, plus moderne, plus écologique, plus attentive entre autres à toutes celles et ceux qui nous font vivre tous les jours. Ces premiers de peine et de fatigue. Tant qu’il était question du « monde d’après », nos projections aidaient à tenir dans les temps angoissants.

Et puis voilà, quelques mois plus tard, le monde d’après a disparu. Aujourd’hui nous aimerions bien juste revenir à peu près au « monde d’avant » où il était possible de s’embrasser sans crainte, de se serrer la main pour signifier son respect. Où la culture partagée, cinéma, théâtre, musée, concert, faisait partie du rythme du temps et de son ouverture. Où l’on aimait pouvoir inviter amis et proches, insouciant et heureux de cette légèreté.

 
Pour traverser, et déjà supporter une épreuve, nous avons besoin de nous dire qu’elle aura une fin, qu’elle ne durera pas toujours. Et là justement nous ne savons pas. Il y a bien l’horizon de la vaccination mais cela reste bien incertain. Supporter les sacrifices, le négatif, demande que nous puissions croire que cela sera utile pour rendre la vie meilleure. Et là c’est le brouillard.

Car notre vie n’est pas un fond d’écran sur lequel nous pouvons ouvrir une multitude de fenêtres en même temps. Comme celles qui s’alignent dans nos réunions en zoom ou autre teams et skype. Nous nous voyons, nous conversons, nous travaillons même. Et c’est vraiment bien et utile. Mais la chair demeure invisible. Celle des émotions qui traversent un visage, des silences habités qui s’entendent dans une rencontre. Nous avons ce sentiment étrange d’être des femmes et des hommes troncs, « des « présentateurs » que la posture figée restreint et limite » écrivait la philosophe Claire Marin.

 
La présence - praesens en latin- c’est littéralement « être en avant ». La présence est dynamique, tendue vers l’autre, attentive, hospitalière.

Là est peut-être le sens que nous pouvons construire, au creux de ce temps qui semble ne pas finir. Poursuivre avec entêtement les liens, ne pas déserter le souci du commun. Le goût demeure plus que jamais du côté de la vie avec d’autres, pour d’autres, en leur faveur. Habiter le minuscule, là où la chair se tient, se touche, se soigne, se console. Faire hospitalité, à nous-même en notre fatigue et nos inquiétudes, mais aussi aux autres. Profondément.
 
 
Véronique Margron op.
 

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Émission L'édito de Sr Véronique Margron © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
L'édito de Sr Véronique Margron

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