Le Saint-Siège a annoncé ce lundi 29 janvier la création d’un nouveau diocèse en Chine. Il s’agit du diocèse de Weifang, dans la province du Shandong, à l’est de la Chine. Un nouvel évêque y a été ordonné dans la foulée. Mgr Antonio Sun Wenjun est né en 1970 et a été formé notamment en Irlande. Pour François Mabille, chercheur au CNRS et directeur de l’observatoire de géopolitique des religions à l’IRIS, ces évènements sont le signe d’un réchauffement des relations entre Rome et Pékin.
Le Saint-Siège a annoncé ce lundi 29 janvier la création d’un nouveau diocèse en Chine. Il s’agit du diocèse de Weifang, dans la province du Shandong, à l’est de la Chine. Un nouvel évêque y a été ordonné dans la foulée. Mgr Antonio Sun Wenjun est né en 1970 et a été formé notamment en Irlande.
Pour François Mabille, chercheur au CNRS et directeur de l’observatoire de géopolitique des religions à l’IRIS, ces évènements sont le signe d’un réchauffement des relations entre Rome et Pékin. "Le côté positif", explique t'il, "c'est le fait que cet évêque est nommé par le Saint Siège et le gouvernement chinois. C'est le résultat de l'accord de 2018. Le Saint Siège traite avec un régime autoritaire qui a une politique fluctuante à l'égard de la liberté religieuse. "
L'année 2023 était plutôt négative à l'encontre du Saint Siège. On semble voir des signes de conciliation avec la création de ce nouveau diocèse."
Rappelons qu’un accord entre la Chine et le Vatican sur la nomination des évêques a été signé en octobre 2018. Cet accord a été reconduit à deux reprises, en 2020 puis en 2022. Il permet au gouvernement chinois et au pape de nommer conjointement les évêques du pays. Mais on ne connaît pas le contenu précis de cet accord.
Si on a appris ce lundi 29 Janvier la création de ce nouveau diocèse, la décision avait été prise il y a 9 mois, le 20 avril 2023. "L’officialisation de cette décision a tardé parce que les relations ont été mouvementées entre Pékin et Rome", rappelle François Mabille. "Il faut se souvenir, précise t'il, qu'en novembre 2022 et en avril 2023 il y a eu des tensions entre la Chine et le Saint Siège. En novembre 2022 un évêque avait été nommé par le gouvernement dans un diocèse non reconnu par Rome. En avril Mgr Shen Bin, en poste à Haimen, avait été transféré dans le diocèse de Shanghaï sans l'accord de Rome."
La création de ce nouveau diocèse et l’ordination de cet évêque s’inscrivent dans une politique de la main tendue du Vatican à l’égard de la Chine. Pour le cardinal Parolin, le Saint-Siège entend mener « un dialogue ouvert et une confrontation respectueuse avec la partie chinoise ». Quant au pape il a adressé un message aux autorités chinoises lors de son voyage en Mongolie en septembre dernier. Il a invité les catholiques de Chine à être de « bons chrétiens » et de « bons citoyens ». Une stratégie et des concessions pas toujours bien comprises.
"Qu'est ce que veut dire être un bon citoyen dans la Chine actuelle? Est-ce que cela veut dire être docile? Est-ce une manière de répondre positivement aux demandes exprimées régulièrement par le gouvernement chinois à l'égard de toutes les religions et pas seulement le catholicisme?", s'interroge François Mabille.
"En 2023, il y a eu un durcissement de la politique chinoise à l'encontre des acteurs religieux avec des destructions de temples, de mosquées, de facades d'églises, de croix, avec une volonté de sinisation des religions".
Quand on utilise ce terme "bon citoyen" cela laisse penser que le pape a un geste de conciliation qui pour certains est un geste de conciliation de trop. Mais cela fait partie de cette identité du pape, il est jésuite, les missions du XVIème siècle étaient jésuites. Le pape a la volonté d'aller en Chine et de perpétuer cette tradition missionnaire."
Et si cette attitude de Rome est perçue, en Chine, par l'Église dite clandestine comme trop conciliante vis-à-vis du régime communiste, le pape compte sur l’évêque de Hong Kong, Mgr Stephen chow. Créé cardinal, le 30 septembre dernier, ce jésuite est connu pour son tact diplomatique. Il est, pour le pape, l’une des cartes à jouer pour mettre en œuvre cette politique de la main tendue à l’égard de Pékin.
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