Dans ces deux petits pays pauvres de l'ancien bloc communiste d'Europe de l'est, le pape va rencontrer deux Églises catholiques minoritaires qui comptent pour moins d'1% de la population. Un voyage où il est aussi question de dialogue inter religieux et de dialogue oecuménique. C’est dans l’ADN du pape argentin de se rendre aux périphéries de l’Europe. Les précisions de Jean-Baptiste Noé historien et auteur du livre "Géopolitique du Vatican" aux Presses universitaires de France.
A son arrivée à Sofia en Bulgarie le pape a rencontré les autorités bulgares. Il a ensuite rendu visite au patriarche Neofit de l´Église orthodoxe bulgare
Oui le pape a rencontré le patriarche Neofit ainsi que d’autres membres du saint-synode, l’organe de décision de cette Église autocéphale. Le pape est ensuite allé se recueillir dans la cathédrale orthodoxe Saint-Alexandre Nevsky à Sofia. Une prière silencieuse devant le trône de Saint Cyrille et Saint Méthode, Si moins d’1% de la population est catholique en Bulgarie, la majorité, 78 %, est orthodoxe. Une église orthodoxe qui a survécu à travers les siècles à la domination ottomane puis au joug communiste.
L'Église orthodoxe accueille cette visite du pape de façon assez distante et glaciale. Dans un communiqué rendu public début avril le patriarcat a été clair. Il a déclaré que sa participation à la plupart des événements de la visite du pape « était impossible ». Le « saint synode» qui dirige l'Église orthodoxe bulgare rappelle que « toute forme de célébration liturgique ou de prière commune (…) est inacceptable pour [eux] ». Pas question donc d’envisager une prière commune entre catholiques et orthodoxes, d’où cette prière du pape seul et en silence dimanche à la cathédrale Saint Alexandre Nevsky à Sofia.
L’Eglise orthodoxe bulgare condamne aussi toute participation de prêtres orthodoxes à «une prière pour la paix» prévue ce soir sur une place publique de Sofia. Ce rendez-vous interconfessionnel cher au Pape François a été requalifié en simple «rencontre pour la paix» par le Vatican. Le père Ivan Karageorgiev, prêtre de l´Église orthodoxe bulgare en France nous en dit plus sur les raisons de ces réticences.
Réticences liées au passé, réticences théologiques mais aussi réticences directement liées à la situation complexe du monde orthodoxe depuis le schisme entre l’église orthodoxe ukrainienne et celle de Moscou. Comme l'explique Jean Baptise Noé.
Hier à Sofia, le pape a regretté les «plaies» que forment les «déchirures douloureuses» de la division des chrétiens. Il a appelé catholiques et orthodoxes «à retrouver la joie du pardon». Pour lui «la diversité des us et coutumes» dans les Églises «ne s’oppose à l’unité de l’Église»
Et si le pape marche sur des oeufs avec les orthodoxes, il a bien l’intention de mettre au coeur de ce voyage la question de l’accueil des réfugiés dans ce pays pauvre, membre de l’union européenne. D’où sa visite, ce matin, d’un camp de migrants à Sofia. Hier Le pape a appelé cette terre «où s’enracinent d’antiques racines chrétiennes» à être un lieu de «rencontre».
Après une visite dans un camp de réfugiés ce lundi 6 mai, le pape se rendra à Rakovski à la rencontre des catholiques bulgares avec lesquels il célébrera la messe.
La petite ville bulgare de Rakovski, est située dans le centre du pays à 160 kilomètres au sud-est de Sofia. Avec ses 15 000 habitants, Rakovski concentre environ le tiers des catholiques de Bulgarie. Cette communauté catholique se réjouit de la visite du pape François, la seconde d’un pape en Bulgarie, 17 ans après celle de Jean-Paul II. C’est ce que nous dit le père Daniel Gillier, religieux assomptionniste au service de la communauté catholique de rite oriental à Plovdiv, à vingt-cinq kilomètres de Rakovski.
Et justement le pape a évoqué hier l’hiver démographique qui touche la Bulgarie mais qui s’est «abattu comme un rideau de gel sur toute l’Europe» - le taux de fécondité est de 1,53 par femme en Bulgarie pour une population de 7,1 millions d’habitants. L’occasion pour le pape de demander aux Bulgares d’accueillir les étrangers: «vous qui connaissez le drame de l’émigration, je me permets de vous suggérer de ne pas fermer les yeux, le coeur et la main à celui qui frappe à vos portes». a t’il déclaré.
Après la Bulgarie, le pape se rendra le 7 mai à Skopje en Macédoine du Nord. Si ici encore la encore la perception de sa visite s’annonce compliquée pour l’église orthodoxe du pays, le pape a prévu de visiter des pauvres mais aussi de se rendre au mémorial dédié à Mère Térèsa, née le 26 août 1910 dans la capitale macédonienne. Une figure aux nombreux symboles., comme l'explique Jean baptiste Noé.
Ces deux voyages en Bulgarie et Macédoine s’inscrivent dans la continuité d’un autre voyage, celui que le pape effectuera en Roumanie du 31 mai au 2 juin prochain. Le pape y rencontrera une église orthodoxe plus ouverte et les différentes communautés catholiques du pays. Il béatifiera à cette occasion sept évêques grecs-catholiques tués pendant la dictature communiste.
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