Selon un sondage commandé par le Figaro à Harris Interactive, seules 30% des personnes interrogées suite à l'intervention du président de la République au palais de L'Elysée ont trouvé Emmanuel Macron convaincant. Pour Romain Slitine, on peut se poser la question du lien entre le grand débat, qui "a duré deux mois et mobilisé des moyens importants" et les annonces faites par le président de la République.
Romain Slitine estime qu'Emmanuel Macron s'est très peu penché sur des demandes qui étaient très importantes dans les remontées du grand débat, notamment sur le retour de l'ISF, le vote blanc et la mise en place d'un référendum d'initiative citoyenne. Pour le politologue, ces décisions illustrent le risque du "Causes toujours !" en démocratie.
En revanche, le président de la République a annoncé vouloir renforcer le référendum d'initiative partagée : une "première étape" pour le politologue, qui explique que le mécanisme actuel, mis en place par Nicolas Sarkozy en 2008 est "beaucoup trop complexe" pour être utilisé. Emmanuel Macron a expliqué que le seuil de la pétition serait abaissé de 4,5 à un million de signataires, et surtout, il ne serait plus nécesaire de passer par l'Assemblée Nationale pour le valider.
Romain Slitine regrette cependant qu'Emmanuel Macron n'ait pas choisi d'ouvrir des chantiers plus ambitieux sur les questions démocratiques, ni sur les questions écologiques et environnementales. La convention citoyenne sur le sujet de l'écologie voulue par le président était une revendication du collectif des "gilets citoyens" dont fait partie le politologue. Romain Slitine estime qu'il faudra préciser le fonctionnement de cette convention, pour ne pas qu'elle fasse office de "deuxième grand débat".
Autre annonce d'Emmanuel Macron : la réforme du Conseil Economique, social et environnemental qui serait en partie composé de citoyens tirés au sort. Une annonce "une fois encore" floue selon Romain Slitine, qui critique la faible utilité de la mesure, du fait des pouvoirs "faibles" et essentiellement consultatifs de la troisième chambre. Ces dispositifs sont plus des "concessions" de la part d'un président qui "croit peu" à la participation citoyenne et qui préfère s'appuyer sur les élus.
Sur la question du pouvoir d'achat, une des causes majeures du mouvement des gilets jaunes, Emmanuel Macron a proposé une série de mesures sur les petites retraites et les baisses d'impôts, même si une fois de plus, Romain Slitine souligne le "flou" de ces annonces, qui laissent en suspend des questions sur leur application et leur financement. Cependant, le politologue reconnaît certaines mesures de bon sens, comme la garantie des pensions pour les mères seules, le gel de la fermeture des hôpitaux et des écoles et l'annonce du dédoublement des classes.
La question du financement va aussi se poser pour la mise en place de "guichets uniques" dans chaque canton pour le retour de services publics de proximité. Pour Romain Slitine, la supression de niches fiscales et la volonté de faire travailler davantage les français ne vont pas suffire.
Le politologue estime qu'on "ne peut plus tout attendre de l'Etat" et qu'il faut "réactiver l'intelligence citoyenne", en regardant également les initiatives qui viennent de la base, des citoyens et des associations.
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