C’est une proposition qui est censée mettre fin à plus de seize années de guerre en Afghanistan. Ashraf Ghani, le président Afghan a proposé mercredi 28 février de reconnaitre aux Talibans le statut de parti politique légitime. Une déclaration qui intervient dans le cadre d’un processus visant à négocier des accords de paix avecl es groupes armés.
Lors d’une réunion organisée à Kaboul, préparée grâce au soutien d’une délégation de l’Otan, le président Ghani a proposé un cessez-le-feu, ainsi que la libération de prisonniers Talibans. Ashraf Ghani a également déclaré qu’il pourrait modifier la Constitution sous réserve d’un accord avec les Talibans.
Depuis le mois d'août dernier, les violences dans le pays se sont intensifiées. Une dégradation de la situation liée à l'annonce, par Donald Trump, d'une nouvelle stratégie militaire plus offensive contre les Talibans. Ces derniers contrôlent à l'heure actuelle 40 % du territoire afghan.
La proposition du président Ghani, lourde de sens, peut-elle ramener la paix dans le pays ? Pour le géopolitologue Frédéric Encel, "la paix est un bien grand mot en Afghanistan". Ce spécialiste explique qu’une telle proposition pourrait néanmoins mener "vers l’arrêt des combats. En sachant que si les Talibans entrent en force au gouvernement, il risque d’y avoir une opposition toute aussi forte de la part de la minorité ouzbek, de la minorité tadjik et de la minorité chiite. Les Pashtouns étant les plus puissants dans la région, leurs combattants, les Talibans, sont quand même en mesure de faire plus ou moins la pluie et le beau temps sur une partie importante du territoire, au centre, à l’Est et au Sud-Est".
Une telle proposition, même si elle pourrait calmer les violences dans un premier temps, pourrait néanmoins avoir des conséquences assez graves dans la vie sur place. "On peut très bien aboutir à une forme de stabilité, de non-guerre. […] En revanche les Talibans sont de véritables fanatiques et notamment sur les questions liées à la charia. Ce sont des misogynes au dernier degré, ils sont extraordinairement violents auprès de ceux qui ne leur ressemblent pas dogmatiquement parlant. Je suis très pessimiste quant à la possibilité pour les petites filles de continuer à aller à l’école, si les Talibans participent activement au pouvoir" conclut Frédéric Encel.
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