Dans son édito, Antoine Arjakovsky revient sur la conférence de presse donnée par Emmanuel Macron à l'occasion de la présidence française du Conseil de l'Union européenne.
Ce matin je voudrais revenir sur la conférence de presse du président de la République jeudi dernier. Je sais que l’actualité a déjà recouvert cet événement par mille autres sujets mais c’est ainsi, j’ai l’esprit d’escalier. Et surtout l’historien que je suis a besoin d’un petit temps de réflexion avant de réagir !
D’autant plus que, jeudi dernier, le président de la République n’a pas fait que dérouler ses priorités pour la présidence française du Conseil de l’Union européenne à partir du 1er janvier prochain : une Europe plus souveraine, un nouveau modèle européen de croissance et une Europe à taille humaine. Il a aussi prononcé un très beau plaidoyer en faveur d’une nouvelle histoire de l’Europe.
"L’Europe, a-t-il dit, a une unité, une cohérence, qui ne se donne pas encore à voir pleinement. C’est pourquoi je souhaite relancer sous présidence française un grand travail sur l’histoire de l’Europe qui doit se faire dans un cadre historiographique indépendant".
Or il se trouve que le Collège des Bernardins a publié en 2016 chez Salvator une Histoire de la conscience européenne avec la participation de plus de 30 historiens européens venant de 15 pays différents, avec des partenaires éminents comme Europa Nostra, la Fondation Hippocrène et la présidence de la Commission européenne.
Le livre a été publié en polonais et bientôt en anglais. Nous avons ensuite poursuivi nos travaux en nous associant avec la Plateforme sur la mémoire et la conscience européenne qui réunit les principaux instituts de la mémoire nationale d’Europe centrale, à Prague, à Varsovie, à Budapest. Nous nous sommes également associés au Parlement européen, à son site internet "Ma maison de l’histoire de l’Europe" et à la Maison de l’histoire européenne à Bruxelles. J’ai également participé aux côtés d’Alain Lamassoure à l’aventure du projet d’Observatoire de l’enseignement de l’histoire de l’Europe que nous avions appelé de nos vœux dès 2019 dans notre livre "Retrouver le goût de l’aventure européenne".
Je crois donc pouvoir dire que nous savons comment écrire cette nouvelle histoire de l’Europe centrée sur la conscience des Européens, qui constitue le cœur de l’unité de l’histoire européenne. Cette histoire du continent européen est fondée sur les regards croisés, sur l’interactivité, sur le dialogue qui seul permet de construire la justice et la paix. Nous sommes parfaitement conscients des dangers du révisionnisme historique du côté des courants nationalistes en Europe. Et nous connaissons aussi les dangers des courants post-modernes qui veulent se passer de toute chronologie et de toute cohérence afin de mieux masquer certaines incohérences de la civilisation moderne.
Je fais donc un appel au président Macron : Monsieur le président, si vous souhaitez réellement que cette nouvelle histoire de l’Europe puisse être initiée sous présidence française du Conseil de l’Union européenne, adressez-vous au Collège des Bernardins !
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