Lancé en septembre 2022 dans le Haut-Anjou, le Baugeois et le Saumurois, le programme "Chauffe-toi" aide les ménages modestes à mener des travaux de rénovation énergétique. Ils sont accompagnés par des bénévoles du Secours catholique. Reportage à Beaufort-en-Vallée.
Aider les habitants de passoires thermiques à mener des travaux de rénovation énergétique. C’est le but du programme "Chauffe-toi", lancé en septembre 2022 dans le Haut-Anjou, le Baugeois et le Saumurois.
C’est un partenariat entre le Secours catholique, l’association Alisée, qui œuvre pour la transition énergétique, et le réseau d’artisans Echobat. Il s’adresse aux ménages modestes, propriétaires de leur logement.
C’est le cas de Sophia, qui habite depuis 2001 dans une petite maison de 65 m² dans le bourg de Beaufort-en-Vallée. Dans son salon, il fait à peine plus chaud que dehors, autour de 15° en plein après-midi.
« Je chauffe les courants d’air », résume-t-elle, résignée. Les murs, le sol, le toit, l’ensemble de sa maison manque d’isolation. « J’ai froid dans ma maison, donc je me surhabille, confie Sophia. J’empile les couches de vêtements. »
En invalidité, elle vit avec 800 euros par mois. Pour économiser, elle ne chauffe que la nuit, et pas toute la maison. « J’ai descendu mon lit dans le salon, au rez-de-chaussée, comme ça je ne chauffe pas du tout l’étage », explique Sophia.
Au manque d’isolation s’ajoutent de gros problèmes d’humidité. « Vous voyez, là, derrière le frigo, le carrelage se décolle », montre-t-elle. C’est que les eaux pluviales passent sous sa maison. « Quand il pleut beaucoup, le rez-de-chaussée est inondé », raconte-t-elle.
Heureusement pour Sophia, ces problèmes devraient bientôt être résolus grâce au soutien de Marie-Odile, bénévole au Secours catholique. « Je la connais depuis 2009, quand j’ai demandé le baptême », confie Sophia.
Ça fait bientôt trois ans qu’elles travaillent ensemble sur le projet de rénovation énergétique de la maison de Sophia. « Moi, mon rôle, c’est de l’accompagner », explique Marie-Odile.
« J’ai pu jouer les intermédiaires avec la commune, pour les problèmes d’écoulement d’eaux pluviales, ou le voisin, pour la gouttière, parce que Sophia ne se sentait pas à l’aise, et ça la rassurait que je fasse l’intermédiaire », raconte-t-elle.
« Quand on se lance sur un projet de rénovation énergétique, il y en a pour au moins deux ans, constate Emilie Martin, coordinatrice du programme "Chauffe-toi". Deux ans de doute, de découragement, de remise en question… »
« Le rôle du bénévole, c’est de créer un lien de confiance, de prendre des nouvelles régulièrement, de remobiliser, de rebooster, de redonner du courage et de l’énergie à la personne », insiste-t-elle.
Au bout de trois ans de travail, le couperet vient de tomber : Sophia va devoir faire 100 000 euros de travaux. « C’est une sacrée somme, lâche-t-elle. Moi je ne peux apporter que 50 000 euros. »
« Il y a des aides de l’Etat comme MaPrimeRénov’ et les aides de l’Agence nationale de l’habitat (Anah), mais elles ne prennent en charge que 70 à 80 % des travaux, donc on cherche des fonds ailleurs pour compléter », explique Emilie Martin.
« On va solliciter la Fondation Abbé-Pierre, le Secours catholique, les caisses de retraite, les complémentaires… énumère-t-elle. Il y a aussi le réseau Stop à l’exclusion énergétique, qui finance le reste à charge de ce type de travaux. »
Pour l’instant, le programme "Chauffe-toi" accompagne deux ménages dans leurs travaux de rénovation. Les bénévoles du Secours catholique ont déjà repéré six autres foyers susceptibles d’être aidés. Ce programme est un test qui doit durer deux ans.
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