WWF, le fond mondial pour la nature, a publié jeudi 27 octobre la 11ème édition de son rapport "Planète vivante". A l'intérieur, l'organisation indique que plus de moitié des vertébrés a disparu en 40 ans. En cause, WWF pointe l'action de l'homme pour se nourrir particulièrement. Si rien ne change, les populations vivantes pourraient diminuer de deux tiers en moyenne d'ici 2020.
WWF réalise son étude tous les deux ans en partenariat avec la société Zoological Society of London et l'ONG Global Footprint Network. Les trois organisations prennent en compte deux indicateurs : l'indice planète vivante qui mesure l'abondance de la biodiversité et l'empreinte écologique, mesurant la pression de l'homme sur la nature.
La première donnée suit les populations de près de 4 000 espèces de vertébrés. Elle fait part d'une chute de 58% de ces populations entre 1970 et 2012. Dans le détail, les espèces d'eau douce sont les plus touchées, avec un recul de plus de 80% des populations, devant les espèces terrestres (baisse de 38%) et les espèces marines (-36%). Arnaud Gauffier, responsable alimentation et agriculture à WWF, explique que si rien ne change, plus de deux tiers (67%) des populations des espèces observées auront disparues d'ici 2020.
Le rapport de WWF indique que ce recul des populations vient en premier lieu de la destruction de leur habitat. "L'agriculture à l'échelle mondiale provoque 80% de la disparition des milieux de vie des animaux", précise Arnaud Gauffier. Il cite aussi la disparition des zones humides, la déforestation et la surexploitation des espèces, comme la surpêche ou le braconnage.
Des vertébrés souffrent aussi de la pollution, de maladies ou de la prolifération d'autres espèces. Enfin, le changement climatique commence à impacter certaines populations de vertébrés. Arnaud Gauffier avertit sur les conséquences de telles disparitions. "Les zones de monoculture vont être de plus en plus attaquées par des attaques d'insectes par exemple, car il y aura beaucoup moins d'oiseaux", explique-t-il. Les oiseaux souffrent des pesticides ou de la disparition de leur milieu de vie. "A terme, cela présente un risque sur la santé alimentaire mondiale", poursuit Arnaud Gauffier.
Il s'inquiète aussi du changement climatique. "Les épisodes climatiques se multiplient également comme la grêle ou la pluie lors des saisons où se développent les cultures." Le changement climatique influe aussi sur les espèces animales. "Dans les zones tempérées, les animaux arrivent à s'adapter, quoi que certaines espèces soient obligées de migrer, parfois de 1 000 kilomètres en 10 ans", détaille Arnaud Gauffier. "Mais dans les pôles, la disparition d'espèces est directement liée au réchauffement climatique, avec la fonte de la banquise par exemple", poursuit-il.
L'empreinte écologique mesure les besoins en surface terrestre pour produire les biens et les services consommés chaque année et absorber les rejets de l'homme, notamment le CO2. Ces données sont ensuite comparées aux surfaces terrestres disponibles. En 2012, les besoins en surface de production ont dépassé de plus de 60% les surfaces disponibles sur la planète. Cette année-là, l'humanité a donc eu besoin d'1,6 planète Terre pour répondre à ses besoins.
Le "dépassement écologique" s'observe depuis 1970. Un jour du dépassement a été institué depuis. Il marque la date à laquelle, les habitants de la planète ont consommé les ressources renouvelables du globe. Plus ce jour intervient tôt dans l'année, plus la population mondiale puise dans les réserves de la Terre. En 2016, le jour du dépassement est intervenu le 8 août. C'était le 14 octobre en 1992 et le 1er novembre en 1986. Si le rythme se poursuit, en 2050, la production et la consommation mondiale nécessiteront l'équivalent de deux planètes Terre.
Pour Arnaud Gauffier, le constat alarmant du rapport est pourtant, "et doit être", réversible. "Tout le monde peut agir", précise-t-il. "Les hommes politiques notamment qui peuvent orienter le mode de production agricole. Les citoyens ensuite, en changeant leur mode de consommation. Réduire sa consommation de viande entraîne par exemple la diminution de la pression sur les forêts, les milieux naturels et baisse l'émission de gaz à effet de serre", termine Arnaud Gauffier.
L'intervention complète d'Arnaud Gauffier
Il répond à Thibault Rodrigue
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