Le rapport CIASE doit être un sursaut pour l'Église normande

« Il ne faut plus mettre le prêtre sur un piédestal », explique avec conviction le Père Laurent Lair. Le curé, devenu vicaire du diocèse de Bayeux-Lisieux en septembre, explique son effroi à l’annonce du premier bilan de la CIASE. 330 000 victimes de consacrés ou de laïcs en mission ecclésiale, depuis 1950. « Une consternation devant l’ampleur des faits ». 

Homme de défis, lui qui a accepté de devenir bras droit du nouvel évêque de Bayeux-Lisieux, appelle à « revoir la manière de vivre des prêtres en Église et en société ». La recommandation de Jean-Marc Sauvé, rapporteur de la CIASE l’inspire : changer le modèle de gouvernance de l’Institution. « Nous devons en finir avec l’image du prêtre tout puissant ». Le Père Laurent Lair dénonce cette époque où l’autorité des prêtres était rarement remise en cause. Un rapport de force qui favorisait le silence des victimes.

Des futurs prêtres mieux formés

Le bras droit de Monseigneur Habert tient à souligner l’effort entrepris par les séminaires de l’Église depuis les années 2000. Désormais, les futurs prêtres sont sensibilisés aux sujets de sexualité, rappelait en 2019 l’évêque auxiliaire du diocèse de Paris, Monseigneur Denis Jachiet.

« Lorsque Rome avait demandé aux prêtres de ne plus confesser les enfants dans des lieux isolés, je n’avais pas compris », se souvient le Père Lair. « Aujourd’hui, ne pas se trouver seul avec un mineur est une évidence pour tous ». Preuve que les comportements ont déjà commencé à évoluer. 

Plus qu’un sursaut chez ses confrères prêtres, le vicaire espère une prise de conscience générale au sein de la société. 80% des sondés sont victimes d’abus dans le cercle familial. Le foyer est le premier lieu où se produisent ces actes. Mais les clubs sportifs, centres culturels et de loisirs sont également frappés. L'Église, première institution à faire la lumière sur les violences commises en son sein, souhaite initier un mouvement global de dialogue, d’accompagnement et d’écoute.