L'Église catholique française est ébranlée suite au rapport établi par la CIASE (Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l'Église), qui dénombre plusieurs milliers de victimes. L'Alsace n'est pas épargnée et compte parmi les territoires les plus impactés.
Une plaie béante vient d'être ouverte suite au rapport établi par la CIASE (Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l'Église). Le constat est sans appel : ce sont près de 330 000 personnes qui ont été victimes d'abus sexuels au sein de l'Église catholique française. Sur le territoire alsacien, les chiffres sont tout aussi importants : il y aurait entre 5000 et 7000 victimes. Cependant, peu de ces victimes osent prendre la parole pour exprimer leur malaise et leur mal-être, par crainte d'incompréhension de la part d'autrui. Et pourtant, cette parole doit être aujourd'hui libérée pour permettre aux victimes notamment, de retrouver leur confiance en soi et en l'Église.
"Les victimes étaient en face d'une indifférence cruelle de la part de l'Église." (Sœur Susannah Kelly au micro de RCF Alsace).
Selon Sœur Susannah Kelly, l'Église catholique française n'a pas voulu reconnaître, ni comprendre le fait que ces crimes ont blessé physiquement mais aussi moralement une grande majorité de fidèles. Il y a donc eu une grande part d'ignorance de la part de l'institution religieuse vis à vis des victimes. Des instances devraient être mises en place pour accueillir et recevoir leurs paroles. Ainsi, elles doivent être accompagnées sur le long terme avec des professionnels formés spécialement pour ce genre de traumatisme.
Sur le territoire alsacien où l'Église est particulièrement implantée, le nombre de personnes touchées est notamment très élevé. Mais il y a une particularité ici, c'est l'implication du clergé, puisque Monseigneur Luc Ravel est engagé dans la lutte contre ces agressions depuis quelques années. En ouvrant cette commission indépendante, ce sont 169 victimes qui ont osé prendre la parole et 110 personnes, prêtres et laïcs, qui sont mis en cause depuis les années 50.
Des mesures ont été mises en place pour l'accueil et l'écoute des témoignages des victimes : quatre personnes ont été formées et sont réparties sur l'ensemble du diocèse. Les victimes peuvent ainsi être suivies sur le long terme si elles le souhaitent.
La commission indépendante ouverte au sein du diocèse de Strasbourg permet de traiter les demandes de cas plus facilement. Elle est dirigée par Sœur Susannah Kelly. Plusieurs personnes pluridisciplinaires (avocat, pédopsychiatre, juge...) aident ainsi Sœur Susannah Kelly et Monseigneur Luc Ravel dans le traitement des différents cas. D'autres mesures ont été mises en place pour les différentes activités (catéchisme, colonies de vacances, cours d'orgue, etc.), notamment lorsqu'il y a la présence de mineurs.
"Ce n'est pas de la suspicion, c'est de la vigilance " ; " Si tout le monde écoutait les victimes, on serait tous engagés [...] tout le monde serait engagé ensemble pour dire 'plus jamais' . [...] Pour moi, ma vie est à jamais changée." (Sœur Susannah Kelly au micro de RCF Alsace).
"On ne s'attendait pas du tout à ce résultat [...]. Je pense que l'immense majorité des évêques ne le regrettent pas, le coup est dur mais il fallait ce coup de bistouri." (Monseigneur Luc Ravel au micro de RCF Alsace).
Monseigneur Luc Ravel encourage fortement les victimes à s'exprimer mais aussi les agresseurs à avouer leurs actes, en employant des mots durs mais poignants.
"Aux agresseurs qui n'ont jamais été inquiétés, si vous avez encore la foi, je vous rappelle - excusez-moi cette expression un peu sévère - le Juge Suprême ce n'est pas l'évêque, ce n'est même pas la Justice Française, c'est celui que vous allez rencontrer quand vous passerez de l'autre côté, c'est Dieu." (Monseigneur Luc Ravel au micro de RCF Alsace).
Il est possible de retrouver l'intégralité de la Conférence de Presse de Monseigneur Luc Ravel et de Sœur Susannah Kelly en cliquant sur ce lien qui renvoie au site internet du Diocèse de Strasbourg : https://www.alsace.catholique.fr/
"J'ai passé tout mon séminaire sans qu'on ait évoqué une fois ces questions. Jamais. C'était un sujet qui n'était pas abordé, tout simplement, jusque dans les années 70." (Monseigneur Christian Kratz au micro de RCF Alsace).
Monseigneur Christian Kratz reconnaît que l'Église n'a pas été à la hauteur, que ce soit envers les victimes qui n'ont, dans la plupart des cas, jamais osé prendre la parole, mais également envers les agresseurs qui n'ont jamais été inquiétés. Selon lui, il est envisageable et même recommandé de mettre en place des solutions, notamment au niveau des formations, avant que la personne ne prenne ses fonctions au sein de l'Église.
Et pour aller encore plus loin, le livre L'Église face aux abus sexuels sur mineurs, écrit en 2019 par Marie-Jo Thiel, montre avec froideur et vérité tous les faits divers sordides connus mais cachés au sein de l'Église. Cet ouvrage prend donc tout son sens à la suite du rapport de la CIASE.
Également bénévole pour la radio RCF Alsace, Marie-Jo Thiel revient au micro chaque semaine sur son œuvre afin d'en éclairer sa lecture de façon pédagogique. Ainsi, elle permet aux lecteurs et auditeurs de mieux comprendre l'impact de ces révélations actuelles.
Les podcasts de son émission "Au-delà des abus" sont à retrouver en cliquant sur ce lien : https://www.rcf.fr/vie-spirituelle/au-dela-des-abus
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