ll ne fait pas un peu chaud là ? Vous l'avez sans doute remarqué à la fin du mois de mars. Alors que le printemps débutait tout juste, les thermomètres dépassaient largement les 20°, et plusieurs records de températures étaient battus par endroits. De quoi faire tomber les manteaux et les pulls pour se balader en tee-shirt dans les rues, alors que le mois d'avril commençait à peine.
Une hausse du mercure qui n'est pas une exception : "Depuis 1878 la température moyenne de Bourges a augmenté de 1,7 degrés avec une forte accélération sur les 40 dernières années" confirme Philippe Boissel, le référent territorial de Météo France pour la région Centre-Val de Loire. "Les trois années les plus chaudes, dans cet ordre, sont 2020, 2018 et 2019... Après c'est 2011, donc vous voyez que la dernière décennie s'inscrit dans les années les plus chaudes, ce qui est vraiment un marqueur de la réalité du changement climatique à l'échelle locale."
© Météo Centre - Fin mars et début avril, il a fait chaud dans la région Centre-Val de Loire.
Températures bien plus hautes que les moyennes de saison, canicules à répétition durant l'été et fortes sécheresses : cette hausse a donc déjà des conséquences sur notre territoire, mais la situation pourrait encore s'aggraver : "Le risque [c'est] l'augmentation de périodes de canicules l'été, sutout dans un scénario pessimiste" prévient Philippe Boissel, qui s'inquiète également de l'impact sur la ressource en eau : "On aurait vraisemblablement moins de pluies l'été, peut-être un peu plus de pluies l'hiver mais l'augmentation de température se traduirait forcément par une augmentation de l'évaporation, donc ce serait au détriment de la ressource en eau."
RCF - Philippe Boissel est également le chef du centre Météo France de Bourges.
Les problématiques écologiques dépassent bien-sûr nos frontières berrichonnes. Les mesures adéquates doivent être prises au niveau mondial et national. Mais les collectivités locales ont-elles tout de même un rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique ? "On va essayer d'agir pour atténuer le réchauffement, pour faire en sorte que ça ne s'aggrave pas de façon considérable dans la deuxième partie du siècle" répond Irène Félix, la présidente de l'agglomération de Bourges, qui propose quelques axes de progression : "Plus de végétalisation en ville ; il y a tout un travail qui est lancé par la ville de Bourges sur la végétalisation des cours d'écoles. Ça peut être la végétalisation des toits. Mais c'est surtout le traitement de l'espace public, avec des revêtements qui soient plus drainants [...] Un travail pour que les eaux pluiviales s'infiltrent mieux, plutôt qu'elles ne soient évacuées vers les cours d'eau [...] C'est un changement de pensée dans laquelle je souhaite accompagner l'ensemble de la collectivité."
RCF - Irène Félix (à droite) lors d'une conférence de presse portant sur le PLUI de Bourges Plus en octobre 2020.
Le scénario du réchauffement climatique pour les prochaines années est déjà écrit. Les mesures qui sont prises aujourd'hui n'auront des conséquences que pour la deuxième moitié du XXIème siècle. Autrement dit : pour les générations futures.
Reportage
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