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Le reconfinement met-il en péril les commerces de proximité?

Un article rédigé par Clara Gabillet - RCF,  - Modifié le 4 novembre 2020
Le dossier de la rédactionLe reconfinement met-il en péril les commerces de proximité?
Certains produits sont aujourd'hui retirés des rayons en guise d’équité avec les petits commerces contraints à la fermeture. Ces règles provoquent l’incompréhension des commerçants.
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Des livres, des fleurs ou encore des vêtements... À partir d’aujourd’hui, ces produits seront introuvables, dans les petits commerces et les grandes surfaces. Le gouvernement a publié un décret mardi pour retirer ces objets des rayons en guise d’équité avec les petits commerces contraints à la fermeture. Ces nouvelles règles du jeu sont loin de faire l’unanimité pour les petis commerçants. 

La nouvelle est tombée assez subitement pour Nathalie Standaert qui tient un institut de beauté à Lyon. Elle ne s’attendait pas à une fermeture aussi radicale pour son institut et sa boutique, jugés non-essentiels. "Me retrouver avec un centre fermé alors que des magasins de bricolage restent ouverts, pour moi c'est incohérent", regrette-t-elle. Elle est alors entrée en "résistance" en décidant de ne pas fermer son institut. Elle va continuer de pratiquer des médecines alternatives et de vendre certains produits sur rendez-vous. Une forme de désobéissance civile qu’elle assume pour faire entendre son désaccord et garder le lien avec ses clients.

Les livres eux aussi ont été jugés non-essentiels, ce qui a provoqué la colère de nombreux libraires et consommateurs. Le livre a été érigé en symbole d’une culture à préserver. Mais à quel prix ? De l’autre côté du comptoir, certains libraires sont épuisés et ont peur face au virus. C’est le cas de cette libraire qui souhaite rester anonyme. "On est réellement exposés. On a peur parce que des clients oublient de mettre du savon, enlèvent leur masques pour nous parler à moins de trois centimètres", déplore-t-elle. Désormais, cette libraire travaille avec un système de retrait de commandes, ce qui est plus rassurant pour elle.

La crainte du e-commerce

Pour les petits commerçants, un des risques de ce reconfinement est le recours massif à la vente en ligne qui est toujours autorisée. Au dernier trimestre, les ventes sur les sites ont augmenté de 5%. C’est ce qui inquiète Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France : "Le e-commerce se déchaîne. C'est une très grosse concurrence, c'est exponentiel à un point délirant, anormal. Ca devient presque une concurrence déloyale", affirme-t-il.

Cette colère, les acteurs du e-commerce la comprennent, conscients que la situation n’est pas saine. Pour François Momboisse, président de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (FEVAD), la crise doit permettre aux commerçants de réfléchir à la vente en ligne, ce qui est parfois encore difficile pour eux. "On pousse tous les commerçants à être présent sur internet. Il faut que les petits commerçants soient aidés pour avoir un pied sur internet", explique-t-il.

Rouvrir les petits commerces ?

Pour éviter cette situation de monopole, c’est la réouverture des commerces qui semble être la seule solution. La confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) le demande. Retirer des produits de certains rayons ne suffit pas selon sa vice-présidente Stéphanie Pauzat. Elle aimerait que chaque commerce soit autorisé à rouvrir en suivant un protocole strict : "On recherchait une équité en termes d'activité. Ce qu'on voulait c'était que tout le monde ait la possibilité de travailler sur son territoire". Mais le Premier ministre Jean Castex a annoncé qu’il ne comptait pas revenir sur cette décision.

Vers la fin des commerces de proximité ?

Allons-nous vers un nouveau modèle de consommation et la fin des commerces de proximité ? Tout dépend de quel type de commerces il s'agit. Les commerces de proximité liés à l’habillement ou au jouet par exemple risquent de sortir très affaiblis de cette crise. "Ce qui ne se porte pas bien c'est le hors alimentaire parce que le e-commerce et le commerce spécialisé gagnent beaucoup de parts de marché", explique Pascale Hébel, économiste et directrice du pôle consommation et entreprise au Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie (CREDOC).

En revanche, le premier confinement a plutôt renforcé l’attachement des Français à leur commerces de proximité alimentaire. Ceux-là souffrent beaucoup moins de la vente en ligne selon Pascale Hébel. "Face à une menace, y a eu un engouement très fort pour défendre les petits commerces. Il y a un regain par la Covid-19 du commerce de proximité de bouche", assure-t-elle.

Difficile de dire si notre modèle de consommation changera après cette crise mais les peurs sont grandes du côté des petits commerçants, qui comptait notamment sur les fêtes de fin d’année pour se refaire une santé financière
 

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