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Le reliquaire de Chamalières de retour en Haute-Loire

Un article rédigé par Martin Obadia - RCF Haute-Loire, le 9 juillet 2021 - Modifié le 11 janvier 2024

Le musée Crozatier du Puy expose depuis quelques jours dans la galerie historique, partie « Velay Médiéval », le reliquaire de Chamalières fabriqué en 1487. Cette œuvre a été acquise à l’automne dernier grâce à un partenariat entre plusieurs collectivités, l’Etat et la Fondation Polignac.

Reliquaire de Chamalières dans son écrin au Musée Crozatier du Puy © Martin Obadia Reliquaire de Chamalières dans son écrin au Musée Crozatier du Puy © Martin Obadia

Une œuvre « exceptionnelle »

Le reliquaire de Chamalières ou du Saint-Clou est une petite boite en argent massif, partiellement doré au mercure qui comporte aussi des éléments en émail, en corne ou encore en cristal de roche. Sa forme fait penser à un bâtiment avec ses 4 tourelles, des créneaux et son toit. Maud Leyoudec, conservatrice du Musée Crozatier salue la « technicité, le savoir-faire des maîtres-orfèvres qui étaient installés au Puy à la fin du XVe siècle ».

Cet objet a aussi la particularité d’être surmonté d’une croix « écôtée», avec des branches coupées, signe « que la vie va renaître » selon Maud Leyoudec. Ce motif est assez courant à cette époque en Haute-Loire. Il a été retrouvé sur d’autres objets d’orfèvrerie. Outre ces éléments, ce qui fait son caractère exceptionnel c’est son état de conservation. Sa forme n’a pas changé depuis sa création.

Un reliquaire au contenu prestigieux

Ce reliquaire, commandé par le vicomte Claude-Armand de Polignac était à l’origine installé dans l’église prieurale de Chamalières sur Loire. Il contenait un mors de cheval, mors qui aurait été réalisé à partir du métal d’un Saint Clou, un des clous de la Crucifixion du Christ. C’est Sainte Hélène qui l’aurait transformé pour son fils, l'empereur Constantin pour le protéger lors des batailles. Ce mors est aujourd’hui exposé dans le trésor de l’ensemble cathédrale du Puy.

Le reliquaire de Chamalières témoignage d’une orfèvrerie très riche au XVe siècle

L’objet a été créé en 1487 au Puy. Sur son côté on peut y retrouver un poinçon « BC », marque qui peut faire référence à 3 artisans du territoire. Son créateur n’a pas pu être précisément déterminé, d’autant plus que le Puy était un vivier d’orfèvres. Au début du XVe siècle, 49 étaient répertoriés.

Ces professionnels et leur travail étaient réputés. Emmanuel Magne, attaché de conservation au Musée Crozatier précise que l’orfèvrerie du territoire était « un artisanat et une activité économique relativement importante et qui devait rayonner bien au-delà de notre petit territoire ». Des traces ont d’ailleurs été retrouvées à Paris et à Lyon.

Un retour aux sources après des décennies hors du département

Ce reliquaire « intimement lié au territoire de l’agglomération » selon Maud Leyoudec a connu de nombreux propriétaires depuis sa création. Il est resté jusqu’en 1830 à Chamalières sur Loire avant d’être rapatrié au Puy par Monseigneur de Bonald alors évêque du Puy. Il va ensuite revenir dans les mains de privés vivant à Lyon, Genève ou encore à Londres. En 2005, lors d’une vente aux enchères Chez Sotheby’s à Londres le Musée Crozatier tente de racheter l’objet mais il est acquis par un collectionneur hollandais.

En novembre 2020, l’établissement apprend qu’il va à nouveau être vendu. La communauté d’agglomération décide alors de négocier avec le propriétaire et la maison de vente pour l’acheter de gré à gré, avant les enchères. Cette fois, l’affaire est conclue pour une somme de 120 000 £ soit à l’époque un peu plus de 132 000 €. L’achat a été réalisé avec le soutien de l’Etat, de la région, du département et de la Fondation Polignac. La Fondation a aussi pris en charge le coût de la restauration.

Vue dessus reliquaire de Chamalières avec les armes des Polignac et la croix "écôtée" © Martin Obadia
Poinçons sur le côté du reliquaire de Chamalières © Martin Obadia
Reproduction des poinçons présents sur le reliquaire de Chamalières © Martin Obadia
Le reliquaire de Chamalières dans son écrin du Musée Crozatier du Puy © Martin Obadia
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