Ce mardi, c'est le début de quatre jours d’école à la maison et le moins que l’on puisse dire c’est qu'élèves, parents et enseignants devront s'adapter. Pour ces derniers, cela a commencé depuis jeudi. Ils sont nombreux à avoir dû tout reprogrammer et modifier leurs cours pour les présenter à distance. Certains les donneront depuis leur cuisine, faute de bureau. C’est le cas de François, professeur d’histoire-géographie dans un lycée agricole catholique à Thillois près de Reims. "Moi je m’installe dans ma cuisine, je met ma fille à côté. C’est un casse-tête mais on a déjà l’habitude en tant qu’enseignant d’avoir plein d’élèves en face de nous. On ne peut pas se permettre de s’occuper d'un élève en oubliant les autres", témoigne-t-il.
Même si certains vont gérer la situation, d'autres sont plus inquiets. Notamment Jean-Marie, professeur d’histoire géographie lui aussi, dans un lycée d’Epinay-sur-Seine en Seine-Saint-Denis. Il a passé le week-end à préparer ses cours. Mais il ne se met pas la pression. Cette semaine, il faudra être particulièrement souple. "Ça va être difficile de les avoir. Je ne ferai pas des cours en visio à chaque heure de cours, sinon ça fait des journées de 8 heures devant l'ordinateur. Ce n'est pas possible", confie celui qui envisage plutôt de rester disponible pour répondre aux questions sur le travail donné.
Du côté des parents d’élèves, il y a ceux qui peuvent télétravailler et qui devront jongler avec la garde de leur enfant. Pour ceux qui ne peuvent pas télétravailler, ils pourront bénéficier d’un dispositif d’activité partielle comme au premier confinement, à condition que l’enfant ait moins de 16 ans. Pas de limite d’âge en cas de handicap. S’ils sont au SMIC ils pourront toucher 100% de leur salaire. Mais attention, seul l’un des deux parents peut bénéficier de l’activité partielle.
Dans cette situation délicate, les parents comptent sur l’indulgence des enseignants. "Tout va dépendre de la situation des parents, tout le monde n’a pas un ordinateur à partager avec son enfant. On ne met pas de pression aux enfants. Les familles vont faire ce qu’elles peuvent", glisse Hubert Salaün, porte-parole de la Peep, la deuxième association de parents d’élèves en France.
Pour que ces journées se déroulent au mieux, il est important de bien structurer la journée des plus jeunes. "Un enfant qui est pas à l’école, ça veut dire qu’il faut s’en occuper. Les parents deviennent les maîtres du temps. Pour qu’une journée se déploie sans être génératrice d’angoisse, il faut structurer le temps", conseille le docteur Serge Hefe, psychiatre au service de thérapie familiale à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
C’est important car suivre les cours à distance peut avoir des répercussions sur la santé mentale des jeunes. "C’est fondamental que les enfants aillent à l’école parce que ça permet une séparation avec la famille, d’avoir un groupe de pairs", poursuit Serge Hefez. Mais il préfère rester rassurant : l’école à la maison est temporaire. Seulement quatre jours pour les plus petits. Pour collégiens et lycées, une semaine de cours à distance est aussi prévue après les vacances, dans trois semaines.
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