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Le Service National Universel, un grand projet magique ?

RCF,  - Modifié le 29 novembre 2018
Dans son édito ce mercredi François Mandil revient sur les résultats du questionnaire en ligne du gouvernement en direction des jeunes à propos du Service National Universel.
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Je crois qu’on ne mesure pas vraiment l’ampleur du projet du SNU, le Service National Universel. Il devra concerner 800.000 jeunes par an. C’est énorme. Je rappelle que le Service militaire ne touchait que 25% d’une classe d’âge (la moitié des garçons et aucune fille). Le SNU, ce sera 100%. Sans parler évidemment du sens et des objectifs, on n’est pas du tout dans les mêmes proportions et cette masse amène énormément de complexité.

Le gouvernement vient de rendre public le résultat de son questionnaire en ligne en direction des jeunes mais auquel tout le monde pouvait répondre autant de fois qu’il voulait. Le CNAJEP, la coordination des associations de jeunesse et d’éducation populaire, a commandé une enquête, scientifique celle-ci, à l’IFOP, auprès de 1000 jeunes représentatifs des 15-25 ans et il en ressort quelques informations intéressantes.

On pourrait s’arrêter à « 70% des jeunes sont favorables au SNU » mais ce serait tordre la réalité. On y apprend également que, en fait, seuls 22% des jeunes savent précisément ce qu’est le SNU. Et quand on leur demande ce qui devrait constituer l’axe prioritaire d’une politique en direction de la jeunesse, ils répondent l’accès à l’emploi des jeunes, l’accès à des formations librement choisies et adaptées et en troisième position, une politique qui permette d’assurer une planète vivable pour les prochaines années. On n’y voit pas vraiment le SNU.

Le questionnaire du gouvernement ne posait pas la question de savoir ce que souhaitaient les jeunes, mais il demandait ce qu’ils aimeraient voir dans le SNU. C’est symptomatique : on a un outil, c’est le SNU, mais on n’a pas défini sa finalité ! Ce n’est même pas « la fin justifie les moyens », c’est « le moyen créé sa fin ». Alors qu’il faudrait évidemment faire l’inverse : avoir une politique jeunesse identifiée et ensuite construire des dispositifs adaptés qui y répondent.

Comme personne ne sait vraiment ce que ce sera, et que c’est présenté comme le grand projet magique qui va tout résoudre, tout le monde y projette des choses différentes. Les jeunes sont favorables parce que, enfin, ils sont au cœur d’un projet gouvernemental et ils espèrent que ça va les aider à trouver du boulot. Pour d’autres, c’est le fantasme d’une armée qui va dresser les jeunes ou les 15 jours d’internat obligatoire qui vont résoudre les problèmes de mixité sociale -problèmes auxquels l’école n’arrive pas à répondre depuis des années -, pour d’autres enfin, il va enfin donner le gout de l’engagement aux jeunes considérés comme égoïstes.

Alors quand on est, comme les Scouts et Guides de France, mobilisé par les sujets de politique jeunesse, on a beau ne pas être satisfait, on veut tout faire pour que ce dispositif ne soit pas trop mauvais, qu’il ne coute pas « un pognon de dingue » pour reprendre les expressions présidentielles et pour qu’il soit vraiment au service de la jeunesse. Avec d’autres organisations de jeunesse variées, nous avons également malgré tout fait des propositions alternatives pour faciliter la mixité sociale et encourager l’engagement, notamment par l’amélioration de l’existant.

Comme le dit l’historienne spécialiste des questions de défense, Bénédicte Chéron, « le gouvernement surfe sur un imaginaire positif pour justifier le SNU. Un imaginaire qui peut très facilement exploser au contact de la réalité. » Une réalité à laquelle le projet commence déjà à se heurter dans la mise en œuvre des premières expérimentations envisagées dans 5 départements.

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