RCF Alpha a consacré une émission au sourire aux mille collines, un groupe paroissial créé en 2019 à l’initiative d’une dizaine de pèlerins qui, avec l’archevêque du diocèse, Mgr d’Ornellas et le père Protogène Butera, alors curé de la paroisse St-Judicaël-en-Brocéliande, sont allés à la rencontre des habitants d’un pays ayant vécu le drame du génocide en 1994. Cette association humanitaire soutient plusieurs initiatives locales de développement et de réconciliation des peuples. Entretien.
Basée à Plélan-le-Grand, le sourire aux mille collines soutient trois projets locaux au Rwanda. Le premier concerne l’école primaire Saint-Dominique Savio de Nyabigoma, dans la paroisse de Rasano. En 2019, l’école était composée de deux salles de classes en briques. L’engagement de l’association a permis de construire une salle de classe supplémentaire et des toilettes pour les filles, puis depuis trois ans de proposer une cantine le midi pour les 500 enfants qui y sont aujourd’hui scolarisés. Un deuxième projet concerne l’hôpital de Mibilizi, un établissement du diocèse de Cyangugu, qui a été accompagné dans le renouvellement du matériel médical vétuste. Le sourire aux mille collines soutient également l’association “Le creuset du pardon” au sein de la paroisse de Muyange, qui regroupe des personnes victimes ou acteurs du génocides qui travaillent passent du temps ensemble. Catherine et Michel Montagne, deux des fondateurs de ce groupe, répondent aux questions de RCF Alpha.
Michel Montagne (M.M.) : Nous avons fait un premier voyage en 2019, avec notre archevêque. Nous étions une dizaine, et nous avons été très touchés par la beauté du pays, un pays d'Afrique de l'Est très verdoyant, très agréable. C’est un tout petit pays le Rwanda, qui fait la taille de la Bretagne, et un pays où la foi est très présente. Beaucoup de catholiques, mais aussi des évangélistes et des musulmans. Tout le monde vit aujourd’hui en harmonie. Nous y sommes retournés une deuxième fois trois ans plus tard.
Catherine Montagne (C.M.) : C'est une commémoration indispensable pour le peuple rwandais. C'est quand même encore très douloureux. Trente ans, ce n'est pas énorme à l'échelle d'une population puisqu'il y a encore beaucoup de survivants qui sont veufs ou qui sont eux-mêmes coupables qui ont été jugés, qui ont fait 20 ou 25 ans de prison. Mais le travail du pardon, de la réconciliation, a été énorme. Il a été mené à la fois par l'État et par les églises. Dans tous les villages, il y a eu n travail énorme de fait mais malgré tout, des ressentiments, des rancunes existent, et le pays est encore face à de nombreuses difficultés.
C.M. : Il y a la cantine à financer pour les 500 enfants. Sans cantine, les enfants rentrent chez eux le midi, et ne reviennent pas, parce que les parents sont tentés de les garder pour aller donner un coup de main aux champs ou pour s’occuper des petits frères et soeurs.
M.M. : Maintenant qu'on a commencé à financer en partie cette cantine, on ne peut pas arrêter, donc ça veut dire qu'il faut que le budget soit augmenté régulièrement en fonction des nouveaux élèves qui arrivent. Au niveau de l’hôpital aussi, beaucoup de gens n'ont pas les moyens pour financer leur traitement. Il existe une mutuelle rwandaise qui coûte 3 euros par personne et par an mais c'est déjà trop pour beaucoup de personnes. On aurait 400 personnes potentiellement à qui on aimerait financer l’accès à cette mutuelle.
C. M. : Déjà le nom, le creuset du pardon, est très joli. Ces femmes ont réussi à se rassembler. Des femmes qui étaient veuves mais aussi des femmes dont les maris étaient bourreaux, avaient été emprisonnés. Elles étaient du même village autrefois, elles étaient voisines, et après le génocide forcément, elles se tournaient le dos. Ce travail, petit à petit, de réconciliation a fait qu'elles ont pu créer des ateliers d'artisanat, travailler ensemble, prier ensemble. Aujourd'hui cette association accueille même des hommes qui ont fait leur temps de prison et qui aujourd’hui demandent pardon, ou des jeunes femmes filles mères.
M.M. : Un groupe fera le déplacement au Rwanda en juillet, en lien avec des enseignants du collège Saint-Guildin de Combourg. Ce collège compte un prêtre auxiliaire [NDLR le père Gallican] du Rwanda qui a initié un partenariat avec un établissement rwandais [NDLR le collège Saint-Martin-de-Hanika]. Ils ont créé un partenariat entre les élèves. Ils échangent par visio, les élèves écrivent de temps en temps à la classe francophone du Rwanda.
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