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Le sport féminin a rendez-vous à Bourges cette semaine

Un article rédigé par Guillaume Martin-Deguéret - RCF en Berry, le 17 janvier 2023 - Modifié le 8 janvier 2024
Emissions spécialesLes États Généraux du sport féminin à Bourges cette semaine

Ce mercredi s'ouvrent les États Généraux du sport féminin à Bourges. Trois jours de débats autour de la place des femmes dans le sport. Malgré quelques avancées notables, le sport féminin est toujours en retard sur son homologue masculin.

C'est dans la ville du Bourges Basket qu'auront lieu les États Généraux du sport féminin du 18 au 20 janvier. © RCF - Guillaume Martin-Deguéret.C'est dans la ville du Bourges Basket qu'auront lieu les États Généraux du sport féminin du 18 au 20 janvier. © RCF - Guillaume Martin-Deguéret.

Bourges va se transformer en capitale du sport féminin cette semaine ! À partir de ce mercredi, et jusqu'à vendredi se tiennent au CREPS Centre-Val de Loire les États Généraux du sport féminin. Au programme : ateliers, tables rondes, débats et conférences autour de la place des femmes dans le sport. Il y a 10 ans, une première édition avait déjà eu lieu à Bourges à l'initiative du Bourges Basket. Depuis, la situation s'est un peu améliorée, mais il reste encore du travail. Aujourd'hui, seules 12 femmes sont à la tête de fédérations sportives en France sur une centaine. Le reste des places étant évidemment occupées par des hommes.

Un retard structurel


Certes, il est loin le temps où le Baron Pierre de Coubertin, père des Jeux Olympiques modernes voyait d'un mauvais œil la participation des femmes aux JO, ou plutôt des « femelles » comme il les désignait. Malgré des avancées importantes, le sport féminin reste en retrait par rapport au masculin. « Un retard historique » rappelle Aurélie Bresson, directrice et fondatrice de la revue Les Sportives, qui co-organise l'événement : « Il y a du retard en termes de visibilité, d'accessibilité, d'égalité des salaires. En termes de droits aussi, c'est assez récent qu'il y ait des syndicats, des agents d'images, et même des agents tout court qui accompagnent les athlètes ! Mais surtout, il y a un retard structurel... En fait le sport féminin cherche encore son avenir économique ». 

 

Aurélie Bresson, fondatrice et créatrice de la revue Les Sportives © RCF - Guillaume Martin-Deguéret.

L'enfer du nord... Et des primes


Un exemple concret : en venant à bout de la première édition féminine de Paris Roubaix en octobre 2021, la cycliste britannique Elizabeth Daignan, avait reçu un prix de 1 550 euros. Le lendemain, Sonny Colbrelli avait lui aussi triomphé des pavés de l'enfer du nord, dans une édition tout aussi dantesque, sous la pluie et dans la boue, qui restera dans les mémoires des amateurs de la petite reine. Gloire éternelle également pour le coureur italien, mais aussi reconnaissance financière : 30 000 euros dans la poche... Soit 20 fois plus ! Face à la polémique, Amaury Sport Organisation (qui organise la course, mais aussi de nombreuses autres compétitions, comme le Tour de France) corrigera sa copie. En 2022, en levant les bras sur le vieux vélodrome de Roubaix, Élise Longo Borghini a bénéficié d'un prix de 20 000 euros.

 

En avril 2022 le Bourges Basket a remporté son 6ème tire européen, mais pour la présidente, le club manque encore de visibilité médiatique © RCF - Guillaume Martin-Deguéret.

Une visibilité médiatique encore trop faible


Les médias ont fait des efforts ces dernières années. En témoigne la hausse de la diffusion des événements et des audiences. En 2019, le quart de finale de la coupe du monde de football en France, qui opposait les bleues et les Américaines avait par exemple réuni 11,8 millions de spectateurs sur TF1. Malgré tout, le sport féminin souffre toujours d'un manque de visibilité pour Agnès Saint-Gès, présidente du Tango Bourges Basket. Elle est pourtant à la tête du meilleur club de basket du pays. Dans l'armoire à trophées des Tango : 15 championnats, 11 coupes de France et 6 titres européens : « On va rentrer en quart de finale de la coupe de France et ça n'apparaît pas, hormis bien sûr la presse locale qui nous suit, bien évidemment. Sinon, on n'en parle absolument pas ! On parle des 32es de finale de la coupe de France de football... C'est tout un exploit. Il y a encore une inégalité dans les médias. »

 

Magalie Bessard, vice-présidente de la région Centre-Val de Loire, en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes © RCF - Guillaume Martin-Deguéret.

Un livre blanc, pour quoi faire ?


Alors face à ces constats, que faire pour améliorer cette situation ? C'est tout l'enjeu de ce rendez-vous cette semaine à Bourges. À l'issue des trois jours de débats, un livre blanc sera écrit : « Plus qu'un livre blanc, j'ai envie de parler d'un manifeste de revendications ! » explique Magali Bessard, vice-présidente de la région Centre-Val de Loire en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes. « L'objectif, c'est de garder une trace des pistes, des propositions qui seront ressorties de ces différents échanges. Il faudra les porter au niveau du Gouvernement, des Ligues, des Fédérations nationales pour faire progresser la place des femmes dans le sport. »


Le programme est à retrouver ici. Reste à voir si les pouvoirs publics s'empareront de ce livre blanc, ou s'il restera rangé au fond d'un placard...
 

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