Le politologue souligne les limites du système des 500 parrainages, nécessaires aux candidats pour participer à l'élection présidentielle.
J-52 avant le premier tour de l’élection présidentielle. Le compte à rebours défile. La campagne est ponctuée de sondages, de défections, de polémiques. Pour analyser la situation, Olivier Rouquan, politologue, chercheur associé au CERSA est l’invité de la matinale RCF.
Avant l’élection, il y a une première bataille à mener, celle des parrainages. Chaque candidat a jusqu’au 4 mars pour récolter les signatures de 500 élus locaux pour pouvoir participer au scrutin. Certains y sont déjà parvenus, comme Valérie Pécresse, candidate des Républicains, la socialiste Anne Hidalgo, la candidate de Lutte Ouvrière Nathalie Arthaud et Emmanuel Macron, pas encore officiellement candidat.
À l’origine, ce système a été mis en place pour limiter le nombre de candidatures. Mais il est contesté aujourd’hui. "Des candidats qui se pensent légitimes ont du mal à chaque fois à obtenir ces 500 signatures alors que d’autres candidats un peu moins représentatifs y arrivent aisément", explique Olivier Rouquan, politologue.
Ce système présente des limites car il "ne tient pas compte de la représentativité des forces politiques", selon lui. "C’est une capacité à représenter un courant politique installé, à avoir un réseau auprès des élus, poursuit le politologue. C’est ceci qui compte. Et puis, c’est installer une confusion sur le sens de ces présentations. Est-ce que c’est un soutien au candidat ? Non. C’est un quitus qui est donné par un élu de la République. S’il y a une question à se poser pour cet élu c’est : 'Est-ce que ce pré-candidat respecte le pacte républicain ?'"
Olivier Rouquan a publié en 2017 "En finir avec le président !" aux éditions François Bourin. Selon lui, ce système des parrainages doit nous interroger sur le sens de l’élection présidentielle. "Est-ce qu’elle sélectionne des forces politiques déjà représentatives au Parlement, dans les collectivités locales voire dans les sondages ? Et à ce moment-là c’est l’élection présidentielle qui couronne le système. Ou alors la présidentielle est une rampe de lancement pour des forces politiques émergentes et à ce moment-là on récompense davantage la démocratie d’opinion que la démocratie représentative", souligne-t-il.
Pour le politologue, il y a un enjeu à repenser notre système politique, à commencer par le quinquennat. "Il y a un déséquilibre entre le président et le Premier ministre. On est sensé élire un président qui est là pour choisir et défendre les orientations à long terme du pays. En cinq ans, il ne peut pas. Le Premier ministre n’a plus sa place donc par effet domino le Parlement a moins de pouvoir", analyse Olivier Rouquan.
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