Depuis plusieurs mois se tient le procès des attentats de janvier 2015 à Paris. Depuis lors, plusieurs attaques ont été perpétrées en France, comme l’assassinat de Samuel Paty ou l’attaque dans la basilique Notre-Dame de Nice. Marc Trévidic a été juge d’instruction au pôle antiterrorisme au tribunal de grande instance de Paris. Il est désormais président de chambre à la cour d’appel de Versailles et publie "Le roman du terrorisme" (éd. Flammarion).
Définir le terrorisme est difficile car il faut d’abord distinguer s’il agit de résistance ou de terrorisme. "Si votre État est oppresseur, il y a un droit de résistance à l’oppression", explique Marc Trévidic en s’appuyant sur la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Pour établir cette distinction, il faut alors se demander si la cause est juste. "Il y a une relativité et aller dans l’histoire du terrorisme c’est apprendre cette relativité", affirme l’ancien juge d'instruction. Face à des personnes qui ont été terroristes et qui ne le sont plus, face à des criminels au parcours plus classique, "il faut rester clair dans sa tête et faire la distinction", selon Marc Trévidic.
De fait, selon Marc Trévidic, il n’est pas évident de définir les derniers assassinats commis en France comme des actes terroristes. "C’est compliqué mais toute définition peut être vue plus ou moins largement. Aujourd’hui, tout comportement qui se rattache à une idéologie utilisant elle-même le terrorisme va être qualifiée de terroriste mais le caractère organisé n’y est pas toujours", explique-t-il.
Durant plusieurs années, Marc Trévidic a pu analyser le fonctionnement psychologique des personnes qui prennent la voie du terrorisme. "Quelqu’un qui a suivi l’État islamique, s’il revient en arrière se dit qu’il sera perdu et n’aura plus rien", explique-t-il. Il est donc très difficile de revenir en arrière dans ces situations.
"Dans les préceptes du terrorisme, il faut endoctriner, il faut maintenir la pression", affirme le procureur. Par ailleurs, l’effet de groupe est très important. "Quelqu’un tout seul va peut-être balancer sa ceinture d’explosif mais s’il y voit les autres à côté, il aura du mal à revenir en arrière", explique Marc Trévidic.
"Le terrorisme a le pouvoir de rendre des gens importants. C’est parce que celui qui sort son couteau se réclame du terrorisme qu’il devient un personnage", assure Marc Trévidic. "Si j’ai prêté allégeance à l’État islamique sans avoir rencontré aucun de ses membres, je fais le journal de 20 heures. Il faut garder raison et toujours considérer que c’est un phénomène criminel d’abord", conclut-il.
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