Au Burkina Faso, des groupes Djihadistes sèment la terreur et viennent perturber ce pays jusque là connu pour la bonne entente entre les communautés religieuses. Cette harmonie est elle donc aujourd’hui menacée ?
Aux confins du Niger et du Mali, le Burkina Faso et ses communautés religieuses sont désormais une cible bien identifiée pour les groupes djihadistes. Et ce n’est sans doute pas un hasard, car dans ce pays la cohabitation entre musulmans, chrétiens et animistes est plutôt un exemple du genre. Les précisions de Rafaël d’Aqui chef de projet de l’Aide à l’Eglise en détresse pour l’Afrique de l’Ouest.
Le Burkina Faso est confronté depuis quatre ans à des attaques régulières et meurtrières de groupes jihadistes islamistes. Et les chrétiens font partie des cibles. Deux attentats très graves ont frappé la communauté catholique, il y a une semaine. Dimanche dernier, un groupe armé a attaqué la paroisse de Dablo, tuant un prêtre et cinq fidèles. Le lendemain, c’est une procession mariale qui était visée à Singa. Quatre fidèles ont été assassinés. Fin avril la communauté protestante était elle aussi visée. On le voit, les chrétiens sont dans la ligne de mire même s’ils ne sont pas les seuls dans le viseur. Pour Corinne Dufka de Human Rights Watch ces attaques ciblées sont une stratégie pour déstabiliser le pays :
Cette stratégie de déstabilisation pourrait remettre en cause la cohésion nationale, avec un risque de conflit inter religieux et inter communautaire. Des tensions dégénèrent régulièrement en violences entre communautés, celle des Peuls, éleveurs nomades et musulmans et autochtones agriculteurs. Certains membres de la communauté peule ont rejoint des groupes jihadistes, et il n'est pas rare que des populations fassent l'amalgame entre Peuls et jihadistes.
C’est dans ce contexte que les évêques catholiques de la région se sont retrouvés la semaine dernière à Ouagadougou. L’assemblée plénière des évêques d’Afrique de l’Ouest s’est achevée hier. Elle avait démarré lundi dernier alors que l'Église était justement frappée par cette double attaque terroriste visant une église et une procession mariale. Le président de la Conférence épiscopale Burkina Faso–Niger a dénoncé ces attaques qui ont visé l’Eglise et ses symboles. Il y voit une tentative d'intimidation de la part des islamistes pour que les évêques annulent ce rendez vous prévu de longue date. Mgr Paul Ouédraogo lance un appel au calme.
Le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré a quant à lui demandé aux évêques d’Afrique de contribuer au maintien de la cohésion sociale. Il a par ailleurs demandé à tous les Burkinabè de toutes confessions religieuses et sans distinction ethnique d'être soudés. Des appels à la paix d’autant plus nécessaires que la crainte gagne la population.
La tension monte, le caractère répété des attaques installe un sentiment de peur parmi les burkinabès. Et si les communautés religieuses ne souffraient pas jusque là de persécutions, la donne semble changer. C’est en tout cas ce qui remonte du terrain comme nous l’explique Rafaël d’Aqui chef de projet de l’Aide à l’Eglise en détresse pour l’Afrique de l’Ouest.
Selon l’agence Fides, un prêtre de nationalité espagnole a été poignardé vendredi dans un centre salésien de Don Bosco du sud-ouest du Burkina Faso. Face à cette insécurité croissante dans le pays, l'Église appelle à la prudence et renforce les mesures de sécurité autour des lieux de culte.
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