Le dicastère pour la doctrine de la foi a publié samedi 3 février la note Gestis verbisque (Par des gestes et des mots) pour exiger des prêtres le bon respect des normes liturgiques dans la célébration de la messe et des sacrements. Décryptage avec le père Sébastien Antoni, assomptionniste spécialiste de la liturgie et journaliste à Prions en Église.
Le prêtre doit célébrer les sacrements "sans rien ajouter, retrancher ou changer" affirme Gestis verbisque et précise que la liturgie n’est ni un exercice "rigide" ni le lieu de "fantaisies débridées." L’auteur du texte, le préfet du dicastère pour la doctrine de la foi explique que "Changer la forme d’un sacrement ou son objet est toujours un acte gravement illicite et mérite une punition exemplaire, précisément parce que de tels gestes arbitraires sont capables de produire de graves préjudices au peuple fidèle de Dieu."
Dans son texte le cardinal Vector Manuel Fernendez vise certains prêtres qui s’autorisent parfois à réécrire les formules officielles du rituel des sacrements de l’Eglise comme cela a pu être observé lors de baptêmes.
Changer la forme d’un sacrement ou son objet est toujours un acte gravement illicite et mérite une punition exemplaire.
Pour père Sébastien Antoni, assomptionniste spécialiste de la liturgie et journaliste à Prions en Église "le problème n’est pas de savoir si parce que la formule n’a pas été dite clairement et dans son ensemble, le sacrement n’a pas fonctionné comme si c’était un rite magique. Pour un sacrement les rites, les formules, les paroles, les gestes doivent être accomplis pour permettre de savoir si ce qui a été fait a été effectivement fait."
Gestis verbisque précise cependant qu’il existe une possibilité de faire place à "une légitime diversité" et à des "adaptations aux divers groupes ethniques, régions et peuples." Le père Sébastien Antoni explique d’ailleurs que "dans le missel, il y a ce qu’on appelle des rubriques entre les formules et les prières. Souvent il est écrit « on adaptera, on pourra dire…" L'Eglise encourage donc a adapter la liturgie en fonction des personnes avec qui on célèbre.
La liturgie ne peut pas être déconnectée du peuple pour lequel elle est célébrée.
Célébrer avec une assemblée d’enfants, une assemblée de personnes handicapées ou une assemblée dominicale ce n'est la même chose. Le liturgique explique donc que "la liturgie ne peut pas être déconnectée du peuple pour lequel elle est célébrée." Le rite n’est pas seulement un ensemble de prières qui seraient dites dans le bon ordre rendant les fidèles quittes par rapport à Dieu mais "c’est véritablement une invitation à une participation active de l’ensemble de l’assemblée priante. Donc oui il y a des adaptations possibles, prévues et encouragées."
La liturgie est la même partout à travers le monde. La respecter c’est un enjeu de communion et d’unité de l’église. Gestis verbisque dit que "changer de sa propre initiative la forme de célébration d’un sacrement ne constitue pas un simple abus liturgique, comme une transgression d’une norme positive, mais une blessure infligée à la fois à la communion ecclésiale et au caractère reconnaissable de l’action du Christ."
Changer la forme de célébration d’un sacrement ne constitue pas un simple abus liturgique, mais une blessure infligée à la communion ecclésiale.
Le père Sébastien Antoni ajoute : "Ce n’est pas la valeur des mots qui fait le sacrement, c’est l’intention. Si l’intention est de changer les formules et les gestes on casse la communion de l’Eglise. Là on est plus dans ce qui fait l’essence même de l’Eglise qui est d’être une fraternité, non pas pour penser tous de la même manière mais pour ne pas être en rupture et rester unis en communion."
Ce n’est pas la valeur des mots qui fait le sacrement, c’est l’intention.
Pour les vaticanistes, les enjeux de communion soulevés par Gestis verbisque sont une réponse aux critiques formulées à travers le monde contre Fiducia supplicans, le document qui autorise la bénédiction des couples homosexuels.
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