Le vin dans la Bible : entre sacralité, transmission et dégustation !

Le vin est affaire de civilisation

La Bible s'inscrit dans la civilisation méditerranéenne basée sur la culture du blé, de l’olivier et de la vigne. Ce n’est pas par hasard qu’une bonne part des traditions bibliques reposent sur des traditions agricoles et une grande partie de ses lois, son anthropologie, son organisation et sa sociologie sont liées à ces cultures. La consommation de vin est intégrée dans la tradition biblique à la tradition religieuse avec une dimension particulière. C'est un regard biblique sur le vin, soit la sacralisation. Albert Fachler est la président de la communauté juive de Savoie "Ce n’est pas un hasard que nous bénissons le vin à chaque fois que nous en consommons. C'est parce que ce n’est pas ordinaire et nous remercions Dieu”. 

 

Selon le bibliste Jürgen Becker, il est fait référence directement ou indirectement au vin dans 979 passages au total. La première fois, c'est après le déluge avec Noé et ses trois fils (Ge 9, 18-27) qui cultive une vigne symbole de paix et du lien avec la terre. 
"Derrière la vigne, il y a une histoire de fidélité" pour le père Clément Danckaert, historien et recteur du du sanctuaire de Myans. "Une fidélité de Dieu vis à vis des hommes mais aussi vis à vis de la terre. Cela peut poser la question de la préservation de notre maison commune". La culture de la vigne, c'est une culture particulière car au départ, c'est "une liane assez folle" pour Xavier Cottarel, oenologue. D'une certaine manière, il faut être à son chevet pour la discipliner. "Cette culture a un lien avec la sédentarisation des hommes."

 

Consommer le vin, une recherche d'équilibre

Pour déguster un vin et goûter à toutes les révélations du breuvage, mieux vaut être patient. "Le vigneron cherche à révéler les arômes du cépage, c'est pourquoi il faut prendre le temps de consommer le vin." explique l'oenologue, Xavier Cottarel. “Si, pour Albert Fachler, une consommation du vin est célébrée dans la Bible, l’ivresse, elle, est condamnée car elle fait perdre le contrôle de nos actes.” Pour le président de la communauté juive de Savoie, “La Bible se méfie de la satisfaction du désir pour le désir mais également de l’ascèse qui n’est pas forcément se rapprocher de Dieu pour la tradition juive.” il faut trouver le juste milieu ! “ Il s'agit en fait de jouir de ce produit dans le vrai sens du terme en ce que le vin est le fruit du travail des hommes” conclut Xavier. 

Le vin, synonyme de fête

A chacune des fêtes juives, on boit du vin. “Le jour du shabbat, nous commençons par boire une coupe de vin, le jour de la circoncision ou de la nomination d’une fille, le jour du mariage, deux coupes de vin, le jour de la Pâques, quatre coupes de vin.” indique Albert Fachler qui poursuit “La consommation de vin, ce n’est pas ordinaire, c’est la sacralisation de toute nourriture, toute consommation doit nous aider à devenir meilleur. C’est pourquoi nous prononçons des bénédictions à chaque fois que nous buvons du vin.”
Pour Xavier Cottarel, “boire du vin, c’est rendre grâce.” "C’est aussi le sens de l’incarnation dans la foi chrétienne” ajoute Clément Danckaert, “C’est la dimension d’une espérance et d’une joie authentique.”