Il faut bien dire tout d’abord que, malgré les avertissements du GIEC qui enjoigne de stopper en 2025 la hausse d’émissions de gaz à effet de serre pour garder un monde vivable, l’écologie est passée durant cette campagne bien derrière les questions de pouvoir d’achat, retraites, santé, éducation, immigration, etc.. . Cependant, s’il y a un un fait important ces derniers jours, c’est le discours d’Emmanuel Macron à Marseille samedi.
« Mon second mandat sera écologiste ou ne sera pas »
Une sacrée déclaration. En effet, même si son quinquennat a été le meilleur en ce qui concerne la mise en oeuvre d’actions de transition écologique, Emmanuel Macron reconnait une conversion tardive. Il admet que ce n’était pas une évidence au début de son mandat. A quelques jours de l’échéance, c’est devenu une nécessité à la fois électorale, programmatique - et aujourd’hui travaillée - avec l’annonce d’un super premier ministre en charge de la planification écologique pour accélérer la baisse des Gaz à Effet de Serre (GES) de notre pays.
Marine Le Pen ne voie pas cette obligation, elle semble tanguer sur l’Accord de Paris.
Marine Le Pen ne se désintéresse pas cependant de l’écologie. Pour elle, l’écologie est protectrice et identitaire. Ce sont les circuits courts, le patriotisme économique. Elle renvoie la responsabilité d’une baisse des émissions aux Etats-Unis et à la Chine, lesquels émettent bien plus que nous, et pour Marine Le Pen il s’agit d’ "apprécier chaque année notre trajectoire de réduction carbone, en fonction des autres pays et de la volonté des Français et de leur qualité de vie". Pour elle, la transition écologique passe par le développement du nucléaire, de l’hydroélectricité et de l’hydrogène.
Le nucléaire est une solution commune aux deux candidats
Rappel : le nucléaire couvre près de 70 % de la production totale d’électricité en France. Emmanuel Macron a décidé la construction de 6 nouveaux réacteurs de type EPR, la mise à l’étude de 8 et la prolongation des réacteurs qui peuvent l’être. Marine Le Pen souhaite 10 paires de nouveaux réacteurs, le prolongement des réacteurs existants et la relance de la centrale de Fessenheim.
Forte divergence sur l’éolien : du fort développement au démantèlement
Alors là, les deux candidats divergent fortement.
Aujourd’hui l’éolien fournit 8 % de l’électricité. Emmanuel Macron veut un développement "massif » de l’éolien, en particulier de l'éolien off shore avec la création d’une cinquantaine de parcs éoliens en mer, à l’image du premier parc éolien en train de voir le jour au large du Croisic.
Pour Marine Le Pen, l’éolien c’est « une horreur », qui "coûte horriblement cher » et elle souhaite l’arrêt de tous les projets en mer ou au sol voire même - sauf dans les territoires d’outre mer - leur démantèlement.
Des passoires thermiques encore pour longtemps
Emmanuel Macron veut accélérer avec un programme de rénovation de 700000 logements par an, soit 3,5 sur le quinquennat sur 5 à 8 millions de logements défaillants.
Quant à Marine Le Pen, elle récupérerait l’argent des projets éoliens pour les mettre dans le remplacement des chaudières au fioul, - ce qui ne résout pas la question des passoires thermiques - , mais elle monterait un produit d’épargne pour financer la rénovation d’un logement au moment de l'achat.
Opposition sur les transports : du tout voiture à la diversification
Emmanuel Macron veut démocratiser la voiture électrique en proposant un leasing à 100E/mois pour les familles modestes, favoriser le transport par train en créant une dizaine de lignes de trains de nuit, en renouvelant 9200 km de petites lignes, développant le fret, et faire du vélo un moyen de transport du quotidien en aidant la construction d’infrastructures cyclables.
De son côté, Marine Le Pen ne veut pas de l’interdiction pour 2035 des moteurs thermiques. Elle baisserait la taxe sur les carburants de 20 à 5 % et promeut la mise en place d’une économie circulaire pour réparer et garder plus longtemps, pour les voitures et tout le matériel réparable.
A noter enfin que Marine Le Pen veut interdire l'utilisation de terres agricoles pour des projets d’urbanisation et barrer l’achat de terre agricole aux groupes étrangers tandis qu’Emmanuel Macron veut investir dans la filière bois, limiter l’exportation de nos déchets… en attendant d’autres annonces ce mercredi soir.
Conclusion : les deux candidats se distinguent nettement sur l’objectif de neutralité carbone, qui est un bon indicateur de la volonté écologique.