Emmanuel Macron a multiplié les effets d'annonce en faveur de la protection de l'environnement. Un tournant dans son quinquennat ?
La seconde partie du quinquennat d’Emmanuel Macron sera-t-elle verte ? La semaine dernière à Chamonix, le chef de l’État menait le tournant écologique de son mandat. Il a notamment annoncé la création de nouveaux espaces protégés d’ici 2022. Le dernier né est le Parc national de forêts, en Champagne et Bourgogne qui a vu le jour cet automne. Seulement face à ces effets d’annonces et ces nouvelles créations, certains acteurs s’inquiètent que les moyens ne suivent pas.
Les aires protégées doivent couvrir 30% du territoire français d’ici 2022. C’est l’un des objectifs d’Emmanuel Macron. Seulement en face, 5.000 suppressions de postes sont prévues d’ici 2022 au ministère de la Transition écologique. C’est un exemple du manque de moyens qui inquiète les syndicats de l’environnement. La création du onzième Parc National à l’automne dernier a été saluée par Sylvain Michel, secrétaire adjoint du syndicat CGT Environnement, mais il dénonce une hypocrisie du gouvernement. Pour se faire entendre les syndicats ont même lancé un mouvement nommé “Make Notre Ministère Great Again”.
À l'automne dernier, certains députés sont donc montés au créneau lors de l'examen du Projet de Loi finance 2020 qui inquiétaient les syndicats car il prévoyait de nouvelles coupes. Durant les discussions en commission, la député En Marche et présidente de la commission du développement durable à l'Assemblée nationale, Barbara Pompili, s’est mobilisée pour contrer cette diminution d’effectif.
Cependant sur le long terme, le manque de moyens est bien marqué. Du point de vue des dotations par exemple, les Parc Nationaux recevaient plus de 70 millions d’euros en 2011contre 66,5 millions cette année. Alors que deux nouveaux parcs ont vu le jour entre temps.
Sur le terrain, ce sont les missions des agents des parcs sur place qui sont les plus impactées par cette diminution globale des moyens. C’est ce qu'explique Laurent Grandsimon, le président du Parc National des Pyrénées et porte-parole de la Conférence des présidents des parcs nationaux de France.
Face à ce manque de moyens, des pistes pour trouver des financements alternatifs ont été présentées. En 2018, un rapport a été publié sous la direction de Commissariat général au développement durable pour proposer des financement additionnels. Depuis quelques semaines l’une de ces propositions refait surface : celle de faire payer des droits d’entrée. Cette pratique existe déjà dans beaucoup de pays étrangers comme les Etats-Unis, la Croatie, le Chili ou l’Afrique du Sud. Néanmoins en France, cette mesure provoque une levée de boucliers, notamment du côté des syndicats, qui revendiquent un droit à la nature pour tous.
Le rôle de l'État français fait aussi débat car on peut considérer ces parc nationaux comme du patrimoine. Les deux premiers, celui de la Vanoise dans les Alpes et celui de Port-Cros en Provence-Alpes-Côte d'Azur ont été crée en 1963. Ainsi un directeur de Parc comme Laurent Grandsimon ne veut pas voir l’Etat se désengager totalement...
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