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Lecture de sourates au parlement bruxellois : l’imam pakistanais s’excuse, et un débat est prévu

Un article rédigé par Jean Lannoy - 1RCF Belgique, le 19 février 2024 - Modifié le 19 février 2024

A la base de la polémique, une vidéo tournée le 13 janvier dernier où un imam est filmé alors qu’il récite un extrait de Coran dans le parlement Bruxellois. Des images partagées par Theo Francken sur X, avec en légende “(Un) imam prie au Parlement de la capitale de l'Europe.”.

Capture d'écran XCapture d'écran X

L’imam fait partie d’un groupe invité par l’association « Friends of Brussels », qui effectuait une visite du Parlement bruxellois à l’invitation du député et vice-président du parlement bruxellois Hasan Koyuncu (PS Schaerbeek). Durant cette visite s’est déroulée une remise de prix célébrant les Bruxellois d'origine étrangère. C’est après avoir reçu un tel prix que l’imam aurait prié. La remise des prix n’était pas organisée par l’institution bruxelloise. 

Comme une douzaine de représentants de la communauté internationale de la capitale, il a reçu un prix “d’intégration réussie” des mains de la ministre Nawal Ben Hamou (PS). L’imam pakistanais Muhammad Ansar Butt vit dans la commune flamande de Sint-Pieters-Leeuw et est une référence pour les pakistanais vivant dans la capitale. Le cabinet de la ministre précise qu’un rabbin et un prêtre étaient également présents lors de l’événement.

Des excuses

Le président du Parlement bruxellois, Rachid Madrane (PS), a lu à voix haute le courrier d’excuse que lui a envoyé l’imam Muhammad Ansar Butt en Bureau élargi de l’institution, où sont représentés tous les partis, majorité et opposition.


”C’est avec tristesse que j’ai pris connaissance de la polémique née de ma participation à un événement associatif qui s’est tenu le 13 janvier 2024 dans l’enceinte du Parlement de la région de Bruxelles-Capitale”, écrit cet imam. “À cette occasion, souhaitant délivrer un message d’entente interculturelle procédant du dialogue interreligieux et inter-philosophiques, j’ai psalmodié quelques versets du Coran comme il est parfois coutume de le faire dans ce type de rencontres. Étaient également invités à cette cérémonie des dignitaires d’autres religions. Il n’a jamais été dans mon intention de porter atteinte aux principes et valeurs qui président au fonctionnement de l’institution parlementaire bruxelloise, et singulièrement le principe fondamental de la non-interférence du religieux dans les sphères de l’État et de ses institutions.”

Et Muhammad Ansar Butt de poursuivre. “Dans d’autres traditions parlementaires proches de la Belgique, une telle lecture est vue de manière plus anodine et n’est pas considérée comme remettant en cause l’impartialité de l’État vis-à-vis des différentes appartenances philosophiques ou religieuses. Cependant, la Belgique et sa capitale Bruxelles ont leurs propres règles et traditions parlementaires qui doivent être intégralement respectées. Par la présente, je tiens donc à présenter mes plus sincères excuses à l’institution du Parlement de la région de Bruxelles-Capitale, et à travers elle, à toute personne qui a pu se sentir offensée, si ma contribution a pu être comprise comme une atteinte à tous ses principes.”

Un débat prévu vendredi

Suite à une session animée et après présentation des faits par le greffier, le Parlement a majoritairement décidé d'adresser une mise au point au député Hasan Koyuncu concernant la visite organisée pour "Friends of Brussels". Un courrier lui rappellera les règles d'usage des espaces parlementaires, soulignant l'importance de la neutralité. Vendredi, un débat crucial se tiendra, avec intervention de la secrétaire d'État Nawal Benamou, témoin de l'événement, et discussion sur la proposition, non retenue, du MR de former une commission spéciale pour examiner les implications de cet incident.

Une visite qui aurait dérapé

De telles visites au parlement bruxellois sont régulièrement organisées, à la demande d’une association ou – comme ici – à la demande d’un député. Tous les élus ont le droit d’en organiser, sans que le Bureau du Parlement, son organe de gestion, ne soit saisi de la demande.

Le rapport du greffier révèle qu'aucune faute formelle n'a été commise par le député Hasan Koyuncu lors de la visite controversée au Parlement. Toutefois, la situation a escaladé à la suite d'une remise de prix non prévue (Il aurait alors fallu demander l’autorisation du bureau du Parlement), aggravée par la psalmodie de l'imam dans l'hémicycle, qui a par la suite présenté ses excuses. Ahmed Laaouej, président du PS bruxellois, qualifie l'incident de simple maladresse, minimisant ainsi l'ampleur de la controverse.


Le texte chanté par l’Imam est la sourate 33:41-42 :

41. Ô vous qui croyez! Évoquez Dieu d'une façon abondante.
42. et glorifiez-Le à la pointe et au déclin du jour. 43. C'est Lui qui prie sur vous, - ainsi que Ses anges, - afin qu'Il vous fasse sortir des ténèbres à la lumière; et Il est Miséricordieux envers les croyants.
44. Leur salutation au jour où ils Le rencontreront sera : "Salam" [paix], et Il leur a préparé une généreuse récompense.
45. Ô Prophète! Nous t'avons envoyé [pour être] témoin, annonciateur, avertisseur.
46. appelant (les gens) à Dieu, par Sa permission; et comme une lampe éclairante.
47. Et fait aux croyants la bonne annonce qu'ils recevront de Dieu une grande grâce.

 

Réagissant à cette polémique, le président du Parlement bruxellois Rachid Madrane (PS également) a affirmé que "de tels événements ne peuvent plus jamais se produire, le parlement devant être le lieu de la neutralité". La ministre Nawal Ben Hamou, présente lors l'événement, a quitté les lieux au moment où l'imam a déclamé les versets. Elle considère quant à elle qu'un parlement "doit bien sûr s'ouvrir à la diversité, mais doit rester une institution étatiste à part entière. La neutralité de l'État doit permettre d'éviter la célébration de rituels religieux en son sein", a-t-elle ajouté.
 

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