Cela s’explique avant tout par l’historique. Dans les années 70, on vivait bien plus dans la crainte d’une troisième guerre mondiale à coups de bombes atomiques. Les mouvements écologistes étaient, encore plus peut-être qu’aujourd’hui, mobilisés sur le thème de la paix et du désarmement, dont le symbole était le désarmement nucléaire. Cette énergie était perçue non sans raison comme un concentré de prise de risque pour l’humanité. Du coup elle polarisait et continue de polariser le combat écologiste. Là-dessus est venu Tchernobyl ; plus récemment, Fukushima, et aujourd’hui le retour de la Guerre froide. Le nucléaire a de bonnes raisons de rester perçu comme un danger.
Aujourd’hui, on n’est plus en 1986. Mais Fukushima ou les malfaçons détectées à Flamanville nous rappellent que la sécurité des centrales est toujours une question. Le problème du devenir des vieilles centrales est aussi préoccupant ; il y a aussi la question du combustible. Le nucléaire a un bon bilan carbone, mais comme toutes les autres énergies il a beaucoup d’impacts collatéraux. Surtout il y a l’aspect géopolitique. Actuellement, un pays qui exploite le nucléaire civil est à coup sûr en mesure, techniquement, de se doter de bombes atomiques.
Compte tenu des tensions internationales, les puissances nucléaires ne vont pas vendre cette technologie à tout le monde, à tous les régimes. L’atome restera l’apanage des grandes puissances. Du coup, quelques pays pourraient se faire champions de la vertu carbone grâce au nucléaire tout en refusant cette technologie aux autres, et en les stigmatisant pour leurs émissions de carbone. Open bar en dépenses d’énergie pour les uns grâce à l’atome, cure d’austérité pour les autres, ça serait un ordre mondial très malsain, très injuste.
Si on persiste à vouloir consommer autant, oui, c’est sans solution. Il n’y a pas d’énergie propre, elles exigent toutes des ressources. Et surtout la crise n’est pas qu’énergétique. Beaucoup de ressources vont manquer, les écosystèmes sont près de s’effondrer : avoir de l’énergie à gogo, ça serait foncer dans le mur à toute vitesse dans une voiture en carton. Plutôt que de chercher en vain la formule magique des ressources infinies, il faut adapter tous nos systèmes à des ressources finies, autrement dit vivre plus simplement.
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