Voilà un mot qui est associé pleinement à la presse, et qui garde un peu de son mystère même s’il n’est pas très ancien. Marcel Proust dans La Fugitive, en 1922, écrivait ceci « Ce journal, est admirablement rédigé », commence-t-il, et de citer alors le « premier article », et d’ouvrir une parenthèse: « premier article », « (dit premier-Paris dans ce temps lointain et appelé aujourd’hui, on ne sait pourquoi éditorial ) » Eh bien on va justement essayer de savoir pourquoi.
En fait, on atteste seulement de son existence, en 1934, construit s’en doute sur le mot éditorial, lequel n’est pas non plus très ancien. En effet, en tant que nom, un éditorial ne date que de 1852 dans notre langue. Rappelons en la définition par l’Académie française en sa neuvième édition, édition d’excellence, accessible gratuitement sur Internet, la voici : « Article qui exprime, sur une question de fond ou d’actualité, l’opinion de la direction d’un journal, d’une revue. »
Et d’ajouter un exemple très important que je n’ai pas trouvé dans les autres dictionnaires : « Les éditoriaux paraissent de plus en plus sous la signature de leur auteur. » Le fait est que je lis toujours avec un grand plaisir les éditoriaux de La Croix, lesquels sont signés par Guillaume Goubert, Florence Couret, et d’autres éditorialistes de talent, l’éditorialiste étant le ou la « journaliste qui rédige habituellement l’éditorial d’un périodique ».
Quand le mot apparaît dans notre langue en 1934, il s’agit en fait d’un emprunt à l’anglais américain où editorial est construit sur editor, le rédacteur en chef, en anglais. En réalité, si le mot est nouveau en français, la réalité existe depuis le début de la presse, et dès 1939, on a son abréviation, l’édito.
En effet, il s’agit au tout départ du latin edere, faire paraître au jour. Et c’est à partir du participe passé editus, qu’est né édité d’abord aussi participe passé, en français attesté en 1784, alors que le mot édition date du XVIe siècle, en tant qu’impression d’un livre. On gardera l’idée précieuse qu’il s’agit toujours de mettre au jour, d’éclairer. Et c’est bien cela un bon éditorial, clarifier un fait, une situation auprès de tous.
Et on peut compter évidemment sur les verbicrucistes pour nous faire sourire. Comment définissent-ils un éditorial : Tête de canard. Mais on aime beaucoup les canards !
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