Augmentation des prix de la nourriture, chute des revenus, interruption des programmes de vaccination, fermeture des écoles : la pandémie n’a effectivement pas été sans conséquence sur les plus vulnérables. Au point que l’ONU met en garde contre le risque de voir s’évanouir des décennies de progrès. Pour la première fois depuis les années 90, l’extrême pauvreté a augmenté cette année. "Dans tous ces pays qui étaient déjà vulnérables, il y avait déjà des conditions extrêmement difficiles et la pandémie a entraîné une montée en flèche des besoins humanitaires. Si on ne prend pas les bons choix maintenant, on risque de perdre 40 années de progrès dans le développement", explique Vanessa Huguenin, porte-parole à Genève du bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies.
Les Nations Unies dressent des prévisions annuelles par pays et les additionnent, arrivant ainsi à ce chiffre de 35 milliards de dollars.
"On a rapidement compris que c'était pas vraiment le virus lui-même qui faisait le plus de mal dans ces pays mais c’était l’impact de la récession mondiale", affirme Vanessa Huguenin, du bureau des affaires humanitaires de l’ONU.
La pandémie a mis à rude épreuve les systèmes de santé. D’abord, avec, au début de la crise sanitaire, des difficultés d’approvisionnement de matériel de protection, des difficultés d’approvisionnement en oxygène aussi. Et puis, certains systèmes de santé déjà défaillants dans certains pays en voie de développement ou soumis à des conflits ont été encore plus mis à mal.
Médecins sans frontières va devoir désormais poursuivre ses missions habituelles tout en faisant face au Covid-19. Pour Pierre Mendiharat, le directeur adjoint des opérations de MSF, il ne faudrait pas que ce virus éclipse d’autres maladies. "Le Covid n’a pas été un problème de santé publique majeur comme la rougeole. Il ne faudrait pas divertir des moyens mis pour lutter contre ces maladies pour les mettre sur les opérations de vaccination contre le Covid", alerte-t-il.
L’autre grand sujet d’inquiétude, c’est l’insécurité alimentaire. Depuis le début du siècle, les chiffres baissaient. Mais depuis quelques années, en raison de nombreux conflits à travers le monde, la tendance est à l’inverse. Le Programme alimentaire mondial (PAM) s’attend à devoir venir en aide à 120 millions de personnes supplémentaires, en 2021. "Il y a quatre points chauds où on se demande si on va pas voir revenir la famine : le Burkina Faso, le Yémen, le Sud Soudan et le nord est du Nigeria", s'inquiète Tiphaine Walton, porte-parole du PAM en France.
Sur les 35 milliards de dollars que vont nécessiter les besoins humanitaires l’année prochaine, l’Unicef dit avoir besoin de plus de 6,4 milliards pour les enfants. Un record pour une situation d’urgence selon l’Unicef. Le budget habituel est estimé entre 3 et 5 milliards maximum. Car la pandémie a eu énormément d’impact en matière d’éducation et de malnutrition. "Partout dans le monde il ya beaucoup de pays où les écoles sont fermées. Cela a un impact très fort sur les enfants. Les plus pauvres paient le plus lourd tribut", explique Sébastien Lyon, directeur général d’Unicef France.
L’Unicef s’inquiète aussi d’une recrudescence de violences familiales, notamment au moment des confinements. Mais aussi de mariages précoces, dans des familles où les parents avaient de grandes difficultés pour nourrir leurs enfants.
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