Peut-on parler d'un effet Floyd dans les banlieues françaises ? Des manifestations ont été organisées, notamment par le collectif Adama, en France, en soutien au mouvement Black Lives Matter. "Cela fait longtemps que les banlieues s'émeuvent des relations compliquées avec la police. Il y a eu des actions menées contre l'Etat à ce titre-là. La problématique existe depuis longtemps. Dans les années 70, on avait une situation incroyablement pire. La situation est grave en France. Elle n'empire pas. L'indignation collective, elle, s'accroit à juste titre. On est face un phénomène global qui témoigne d'une forme de victoire du soft-power américain. Les problèmes des Etats-Unis paraissent être des problèmes universels" explique Erwan Ruty, directeur de Ressources Urbaines, auteur de "Histoire des banlieues françaises" (éd. François Bourin).
Les violences policières existent en France. Mais ce n'est pas comparable avec la situation américaine. "C'est très difficile de dire s'il existe un racisme systémique dans la police française. Les doctrines de maintien de l'ordre diffèrent dans les deux pays. Il y a très probablement des policiers racistes en France, et des dérapages. Aux USA, la doctrine de maintien de l'ordre, la politique sur les armes à feu, n'existe pas en France. Le degré de violence n'est pas comparable. En revanche la situation sociale des minorités peut être comparée" ajoute Erwan Ruty.
"Les banlieues sont le laboratoire de la France de demain. Ce qui se passe ailleurs dans la société, se passe soit en pire, soit en beaucoup mieux, dans les banlieues. Les idéologies sont très marginales dans les banlieues. Ce qu'il faut surtout voir, c'est à quel point ces quartiers sont devenus pauvres. La réponse à la pauvreté, c'est l'économie parallèle. C'est une excroissance de la mentalité dominante. La nouvelle vulgate qui a court dans la société française, est aussi présente dans les banlieues : chacun pour soi, Dieu pour tous" lance l'auteur de "Histoire des banlieues françaises" (éd. François Bourin).
"La réponse serait une meilleure relocalisation. Ces territoires peuvent être une partie de la relocalisation industrielle. Il y a énormément de main d'oeuvre qualifiée pour travailler là-dessus. Il y a des espaces, pas chers, pour créer cet univers de circuit-court, de transition écologique. Il y a de l'énergie, de la créativité, des capacités, des indépendants qui ont cette volonté de s'en sortir. Il y a un potentiel si l'on décide d'implanter une partie de cette nouvelle économie dans les quartiers" conclut Erwan Ruty.
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