Obligés de siéger dans une Assemblée nationale sans majorité absolue, les élus de Basse-Normandie comptent renouer avec la tradition régionale du compromis.
Les députés bas-normands seront-ils de bons élèves ?
Les élections législatives du 19 juin dernier ont donné une majorité relative à Emmanuel Macron. Il manque 44 députés au chef de l’État pour avoir la majorité absolue dans la chambre basse. Une situation inédite sous la Ve République où l’exécutif est contraint de négocier au-delà de son camp pour faire adopter ses projets de loi.
Peut-être que le Président de la République pourra compter sur des députés comme Philippe Gosselin. Réélu pour la 4e fois dans la 1re circonscription de la Manche, l’élu Les Républicains (LR) a fait campagne sur son “opposition constructive” à Emmanuel Macron. Dans la mandature précédente, il dit avoir “voté 50% des textes proposés par LREM” et s’être “opposé quand il le fallait”. Une attitude qu’il entend garder d’autant plus qu’elle a joué dans sa réélection selon le politologue Christophe Boutin. Cette attitude constructive où les députés “ne s’opposent que quand ils estiment que certaines valeurs sont attaquées, c’est une vision très démocratique du débat”.
Une attitude partagée par des élus de la Nouvelle Union Populaire (NUPES). Chantal Jourdan, députée de la 1re circonscription de l’Orne, veut elle aussi travailler “de manière constructive' à l’Assemblée. L’héritière politique de Joaquim Pueyo veut être “à l’écoute et dans le respect”, pour éviter une situation de blocage. La socialiste ne peut se prononcer à l’avance sur des textes et veut pouvoir les étudier au cas par cas.
Une position que partage le nouveau député de la 3e circonscription du Calvados : Jérémie Patrier-Leitus. Membre d’Horizons, le parti d’édouard Philippe, il a été investi par la majorité présidentielle réunie sous la bannière “Ensemble !”. Il se voit comme un député “loyal” et, en même temps, “en complément de la loi”. Une opposition constructive au sein de la majorité ?
Gouverner avec qui ? Et pour faire quoi ?
Chantal Jourdan peut travailler avec Ensemble ! si le gouvernement accepte de faire passer l’augmentation du SMIC et des bas salaires.
Pour Jérémie Patrier-Leitus, les élus d’un même territoire peuvent réussir à se mettre d’accord sur des thématiques locales comme “la hausse des prix du carburant ou les déserts médicaux''. Le tout jeune député émet l’hypothèse de travailler avec des députés Rassemblement National (RN) : “Je ne vais pas aller chercher le RN, je l'ai affronté dans ma circonscription. Mais lorsque des textes importants devront être votés, qui viendra autour de la table ? Nous avons une responsabilité immense. Les Français nous ont dit de travailler ensemble”.
Anomalie institutionnelle ou fonctionnement régulier du Parlement ?
Cette situation inédite de majorité relative déplace, en partie, le centre de décision politique de l’Elysée au Parlement. Le gaulliste Philippe Gosselin, estime que c’est “une forme de cohabitation d'un nouveau genre”. L’élu manchois déplore une vie politique “qui n’est pas à la hauteur des défis d’aujourd’hui”.
Plus positif, la socialiste Chantal Jourdan se réjouit du retour du parlementarisme : “on peut dire que la diversité permet de faire fonctionner le Parlement”. Même point de vue que son collègue d’Ensemble !, “L'Assemblée nationale redevient centrale dans la vie démocratique. Pour un jeune député c'est l'occasion de participer à un moment inédit de la vie politique”. A voir si les électeurs en seront aussi ravis.
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