La semaine entière n’aura pas été de trop pour que les députés viennent à bout des centaines d’articles et d’amendements du projet de loi Asile et Immigration. Le texte a été voté dans la nuit de dimanche à lundi, en première lecture, par 228 voix contre 139 et 24 abstentions. Un texte qui a donné lieu à des débats passionnés.
Il faut dire que les oppositions sont nombreuses. Sur un plan politique déjà, la droite juge le texte trop laxiste alors que la gauche dénonce à l’inverse son caractère attentatoire aux droits et libertés des personnes. Au milieu, les députés de la République en Marche sont écartelés, entre le souci de soutenir le texte de Gérard Collomb et celui de contester sa philosophie.
Lors d’une audition devant la commission des lois, le défenseur des droits, Jacques Toubon, très critique sur le texte et convaincu que les droits fondamentaux ne peuvent pas être relatifs, a sèchement répondu à des députés de la majorité présidentielle, qui jugeaient sa position caricaturale.
Au-delà du débat politique, c’est l’opposition du monde associatif, de la société civile et des Eglises que RCF met aujourd'hui en avant. Il y a près de six mois, ils ont mis sur pied des Etats généraux des migrations. Ils consistent en des journées organisées dans tout le pays, c’était par exemple le cas samedi à Caen.
Il s’agit d’espaces d'information, de sensibilisation mais aussi de débat et d’échanges sur le projet de loi Collomb. L’idée n’est pas seulement de le critiquer pour le critiquer, mais aussi et surtout de faire émerger des propositions alternatives pour une autre politique migratoire. La Cimade est de la partie. L’œuvre œcuménique d’entraide mène aussi en parallèle sa campagne "Code de la honte".
Parmi les questions sensibles, il y a celles du délit de solidarité. Il y a huit jours, le président Macron a estimé que l’aide de citoyens aux migrants ne devait être condamnée que pour le cas des passeurs. Si, actuellement, ce délit n’existe pas dans le Code pénal, il est le nom générique pour tous les actes considérés par les associations comme solidaires et par les autorités comme délictueuses.
Comme des dizaines d’autres personnes, l'universitaire-chercheur niçois Pierre-Alain Manoni a été condamné en appel en septembre dernier à deux mois de prison avec sursis pour avoir véhiculé trois jeunes érythréennes. Il raconte son histoire à RCF et évoque la démarche qu'il a engagée.
A la suite des appels répétés du pape François au devoir d’accueil des migrants, les églises chrétiennes, elles-aussi, n’hésitent pas à faire entendre leur voix. A l'image de certains de leurs représentants, comme le père Benoist de Sinety, vicaire général de Paris et auteur du livre "Il faut que les voix s’élèvent" (éd.Flammarion), qui a accompagné il y a huit jours l'archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, dans sa visite d’un camp de migrant Porte de la Villette. Il s’étonne de la résistance française à traiter humainement ces personnes.
Ces dernières ont d'ailleurs leurs mots à dire. C’est la démarche entreprise par les exilés de Calais à travers l’exposition "Le parcours des invisibles", réalisée avec l’aide du Secours Catholique. Ouverte au public depuis deux semaines à Sète, elle rencontre un succès inattendu. Un moyen pour ces personnes réfugiées de raconter leur vie, leur pays et leur parcours, autrement qu'avec des mots. Une exposition visible jusqu'au 23 septembre au Musée international des arts modeste à Sète.
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