Il manquera hélas à ce débat la parole des gens modestes et fragiles, pourtant les plus concernés. La parole des personnes âgées par exemple, celles qui à 80 ou 85 ans ne sortent plus le soir et ne vont pas non plus sur internet et qui pourtant pensent chaque jour à leur fin de vie : comment faire pour vivre sa vie paisiblement jusqu’au bout mais sans peser sur ses enfants . Il manquera aussi la parole des familles pauvres ; ces 9 millions de personnes dont on parle souvent mais qui sont pourtant quasiment absents du débat public.
Ils ont pourtant des choses à nous dire sur la vie, la maladie, la mort. Ces familles pauvres nous diraient peut être combien elles aiment la vie ? Elles nous diraient sans doute qu’un enfant c’est toujours la promesse d’un avenir meilleur ? Souvent, lorsqu’une nouvelle grossesse s’annonce elles doivent supporter des reproches de la part des professionnels ou bénévoles qui sont censés les soutenir… mais il n’y a rien à faire, l’espoir est têtu et leur réponse est souvent la même : « pour celui-là, la vie sera plus facile ; il n’aura pas à supporter toute la misère que j’ai vécue ». Peut-être aussi que ces familles auraient un avis sur la gestation pour autrui ? Elles nous diraient peut être qu’il faut vraiment être dans une grande misère pour accepter d’être payée pour porter le bébé d’une autre ?
Je pense que l’on ne s’est pas donné les moyens d’entendre vraiment les personnes âgées ou handicapées, les pauvres, les petits, les fragiles. Faut-il aller jusqu’à dire que les choses sont jouées à l’avance comme l’écrit Jean Pierre Denis dans son édito de La Vie ? Je ne sais pas. En tous cas, c’est sûr, ce débat est amputé de la parole de ceux qui ont une vie difficile et qui auraient tant de choses à nous dire sur la vie… mais qui hélas, vont rester sans voix !
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