Jean-Marc Sauvé, le président de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, est venu leur présenter un premier bilan. Parallèlement, les chantiers lancés en novembre 2018 par les évêques avancent, en particulier sur le geste financier pour les victimes. La commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise a reçu 2.800 appels, courriels et lettres depuis cinq mois.
Le premier bilan présenté par Jean Marc Sauvé montre que 87% des victimes étaient mineures au moment des faits. Les auteurs des agressions sont à 98% des prêtres ou des religieux masculins. Des chiffres qui sont complétés par les témoignages des victimes recueillis lors d’entretiens de plusieurs heures. 800 personnes ont accepté de répondre à des questionnaires extrêmement précis.
Malgré ces premiers résultats, la CIASE considère qu’il manque encore beaucoup de témoignage compte tenu de la forte influence qu’a eue l’Eglise catholique dans l’éducation et la jeunesse dans les années 50, 60 et 70. La CIASE poursuit donc son travail d’enquête et rendra un rapport avec des préconisations en 2021, ce qui n’empêche pas les évêques de prendre des mesures de lutte contre la pédocriminalité dès maintenant.
Quant aux évêques, ils poursuivent les chantiers lancés en novembre 2018 sur les abus sexuels. Des chantiers sur le travail de mémoire, la prévention, le dédommagement financier et l’accompagnement des clercs coupables. A noter que des victimes d’abus sexuels participent aux travaux des évêques à Lourdes. Selon le témoignage des victimes, les évêques font preuve de délicatesse avec elles. Beaucoup avaient perdu confiance en eux mais le dialogue redevient possible depuis quelques mois avec une véritable considération pour les souffrances vécues.
Il n'empêche qu'un sujet fait débat à Lourdes, le dédommagement financier des victimes. Le sujet est sensible et délicat. Les évêques vont voter demain le principe d’un geste financier pour les victimes d’abus. Mais il y a encore des discussions sur la formulation : un geste, une allocation, une indemnité, un forfait…
Pour certaines victimes l’idée d’un forfait unique est maladroite car les traumatismes ne sont pas comparables lorsque "l’on subit un attouchement ou des viols répétés". Pour Véronique Garnier, victime d'abus sexuel, présente à Lourdes, le plus important c’est la reconnaissance de ce qu’elle a vécu. Les mots qui désigneront les sommes qu’elle percevra en compensation des abus dont elle a été victime seront une vraie consolation. Véronique Garnier qui dit que si la souffrance qu’elle a vécue peut servir à ce que d’autres enfants ne soient pas abusés à leur tour, cela permettra peut-être de donner du sens à ce qui n’a pas de sens.
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