Sabah Rahmani, rédactrice en chef adjointe du magazine Kaizen, rend hommage à des millions de femmes dans le monde qui contribuent à nous nourrir, car samedi dernier, nous avons célébré la journée internationale des femmes rurales.
Samedi dernier, nous avons célébré la journée internationale des femmes rurales. Ces femmes rurales représentent un quart de la population mondiale, travaillant comme agricultrices, entrepreneures ou salariées agricoles.
L’ONU reconnaît que ces femmes cultivent une alimentation de qualité et qu’elles jouent un rôle clé dans le développement durable. Mais leur contribution à l'économie rurale est largement sous-estimée car leur rôle dans l'agriculture de subsistance n'est souvent pas rémunéré.
Et comme dans de nombreux domaines, elles sont confrontées à une importante discrimination : notamment pour l’accès à la propriété des terres et du bétail, l'égalité des salaires, la participation à la prise de décision dans les coopératives, au crédit et au marché pour que leur commerce prospère, etc. Résultat : moins de 20% des propriétaires terriens dans le monde sont des femmes. Or parvenir à l'égalité et à l'autonomie des femmes rurales est essentiel dans la lutte contre l'extrême pauvreté, la faim et la malnutrition. Selon certaines études, donner aux femmes les mêmes opportunités qu'aux hommes pourrait augmenter la production agricole de 2,5 à 4 % dans les régions les plus pauvres et le nombre de personnes sous-alimentées pourrait être réduit entre 12 et 17 %.
Il y a encore beaucoup de progrès à faire aussi. Aujourd’hui, seulement 25% des exploitations agricoles sont dirigées par des femmes, contre 8% en 1970. Mais cette évolution ne traduit pas un récent intérêt de la gente féminine pour le monde agricole, elle est issue d’un long combat des agricultrices pour obtenir une visibilité dans ce métier, encore souvent considéré comme masculin. Les femmes ont toujours travaillé dans les fermes, et assurent souvent un triple rôle : ménager, familial, et professionnel. Alors qu’elles étaient considérées jusqu’en 1980 comme aides familiales ! Aujourd’hui, si elles ont obtenu une meilleure visibilité dans le monde agricole en France, elles font encore face, elles aussi, à de nombreuses inégalités en termes d’accès au métier, de reconnaissance et d’accès aux formations.
Alors pour lutter contre les stéréotypes de genre sur les exploitations agricoles, un petit collectif d’agricultrices bretonnes, nommé Elles de l’Adage, se réunit depuis 2017 et affirme, « jouer un rôle majeur de transformation du modèle agricole vers plus d’agroécologie et plus de diversification des activités ». Ce collectif permet aux agricultrices de libérer la parole, de s’affirmer et d’oser modifier l’organisation et le rythme de travail, après avoir identifié le caractère systémique des attributions genrées des tâches, comme la gestion administrative par exemple. Ces femmes mettent en place aussi de nouvelles pratiques écologiques, car elles ont besoin de mettre en adéquation leurs convictions et leurs pratiques. Souvent engagées, elles donnent l’exemple, ouvrent la ferme au public pour pouvoir mettre en place des circuits courts comme le marché à la ferme. Et si la diversification des activités amorcées par certaines agricultrices peut venir d’un besoin d’autonomie et d’épanouissement personnelle, cette diversité apporte aussi à la ferme une résilience plus importante et une approche plus respectueuse de la nature.
Alors, bravo mesdames !
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