Depuis la fin de l’année 2016, près de deux millions de Gazaouis n’ont droit qu’à seulement quatre heures d’électricité par jour au lieu de huit heures en temps normal. Alors que la demande augmente fortement en hiver, les habitants de Gaza qui auraient besoin d’environ 450 ou 500 mégawatts par jour n’en reçoivent même pas la moitié. Soumise à un blocus israélien et égyptien, contrôlée depuis 2007 par le Hamas, la bande de Gaza voit son activité économique paralysée à cause de cette pénurie d’électricité. Les Gazaouis dépendent en effet pour leur alimentation en courant électrique d’une centrale, endommagée lors des combats contre Israël, ainsi que d’importations en provenance d’Israël et Egypte.
Dans le camp de réfugiés de Jabaliya, des milliers de Gazaouis se sont rassemblés contre le Hamas en scandant des "Nous voulons de l’électricité". Rares sont les fois où ces derniers font preuve de défi face aux autorités. Les manifestants se dirigeaient vers le siège de la compagne publique d’électricité dans le nord du territoire, mais ils ont été dispersés par les forces de sécurité du mouvement islamiste, Hamas, par la force, à coups de matraque ou de coups de feu lancés en l’air. Un photographe de l’AFP a été frappé par un policier et un journaliste de l’agence de presse américaine Associated Press menacé de remettre ses téléphones portables. Un fait dénoncé par l’Association de la presse étrangère.
Cette pénurie s’ajoute aux épreuves déjà endurées par les Palestiniens, confrontés à trois guerres avec Israël entre 2008 et 2014, à des difficultés économiques et à une crise humanitaire permanente. Cette enclave de Gaza risque de devenir "invivable" d’ici à 2020 selon l’ONU. C’est une crise qui inquiète pour ses conséquences sanitaires. Des cas d’enfants morts de froid ont déjà été relevés, même si les décès n’ont pas été confirmés à ce jour. L’émissaire de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Nikolay Mladenov, a exprimé sa "profonde inquiétude". Il a également appelé à un "respect total" du droit de manifester et à un règlement "immédiat" de la crise. Mais, le Hamas et l’Autorité palestinienne (chassée de Gaza par le Hamas et basée en Cisjordanie) se rejettent mutuellement la faute. Cette dernière achetait l’électricité à Israël et l’Egypte, mais face aux difficultés financières, elle aurait cessé de payer les transferts vers Gaza. Israël est aussi accusé par le Hamas d’être derrière la crise.
Une pénurie d’énergie qui s’explique donc par la faiblesse des infrastructures mais aussi par les factures impayées des abonnés (70% des foyers ne les paient pas, faute d’argent). Cependant, ces difficultés d’approvisionnement devraient trouver une issue avec les douze millions de dollars donnés par le Qatar, ont rapporté les autorités lundi. Cet argent venu du Golfe permettra ainsi l’achat de carburant pour alimenter l’unique centrale de Gaza qui ne fonctionne qu'à moitié. Les Gazaouis compensaient ce manque d’électricité en utilisant des générateurs à essence ou du bois pour se chauffer.
Source : AFP
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